Aménagement des espaces éducatifs
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Le futur lycée du STAM, proche de l’entreprise, s’appuie sur des aménagements innovants

26 février 2019
Témoignages

Un établissement pour « apprendre à entreprendre ». C’est l’une des vocations du futur lycée du STAM (l’ensemble scolaire St André-Ste Marie), dont la première pierre a été posée fin décembre à Saint-André-de-Cubzac en Gironde, pour une ouverture prévue en septembre 2019. Prévoyant d’accueillir un total de 560 élèves en 2028, ce lycée innove sur trois aspects majeurs : l’approche pédagogique de l’entrepreneuriat, la conception architecturale inhabituelle et les aménagements spécifiques en termes d’immobiliers et d’équipements. Solène Tallon, elle-même issue du monde de l’entreprise, a rejoint le projet début septembre. Elle revient avec nous sur les différents défis à relever pour le réussir : impliquer tous les acteurs, les architectes et les partenaires bien sûr, mais aussi et surtout les enseignants et les élèves. Entretien.

Le projet pédagogique du STAM, un lycée pour « apprendre à entreprendre », est particulièrement innovant. Réalise-t-on tout de suite les répercussions de cette vision pédagogique sur l’aménagement ?

Nous avons très vite pris conscience du temps à consacrer au choix des aménagements intérieurs, que nous voulions modernes, fonctionnels et modulables.
Le lycée fait partie d’un ensemble scolaire privé sous contrat relevant de l’enseignement catholique, qui comporte un collège, une école maternelle et primaire. Notre école est déjà engagée depuis deux ans dans cette philosophie d’aménagement flexible, en classe mobile, avec des espaces organisés par ateliers et des libertés de postures des élèves. Nous souhaitions bien sûr inscrire le lycée dans cette continuité. Cependant, l’application de cette approche pour des élèves de lycée nous était totalement inconnue. Nous ne mesurions pas non plus quelle serait l’implication de nos enseignants et de nos élèves dans ce projet. Notre ambition était de réussir à fédérer l’ensemble des acteurs pour contribuer à la réussite du projet. 

De quels professionnels vous êtes-vous entourés dans cette réflexion sur l’aménagement ?

Notre premier partenaire sur l’aménagement de ce lycée est l’architecte. En étant à l’écoute de notre projet pédagogique, il a su retranscrire sur plan nos attentes et nos besoins. Pour les aménagements des espaces scolaires, nous nous sommes rapprochés de plusieurs fournisseurs de mobilier avec qui nous avions eu l’occasion de travailler par le passé. Pour l’aménagement du CDI, nous avons également sollicité des spécialistes en aménagements de médiathèque et d’espaces administratifs afin d’avoir une vision plus orientée esprit d’entreprise. Notre interlocuteur chez Manutan Collectivités nous avait informés dès le début de l’année 2018 des approches innovantes de la « nouvelle classe ». Cela nous a permis d’avancer dans nos réflexions.

Concrètement, comment avez-vous impliqué les futurs élèves dans l’aménagement du lycée ? Comment avez-vous suscité leur réflexion, obtenu leur adhésion, collecté puis traité leurs idées ?

Il y a deux ans, nous avons soumis aux collégiens de notre ensemble scolaire un questionnaire intitulé « De quel lycée avez-vous envie ? ». Il s’agissait pour eux de préciser les spécificités de leur « lycée idéal ». Le sujet a été travaillé en classe, puis exprimé par les délégués lors d’un conseil d’établissement dédié. Nous avons utilisé leurs réponses pour alimenter notre propre réflexion et définir les grandes lignes du projet.

A la rentrée 2018, nous avons ouvert deux premières classes de secondes dans nos locaux actuels. Les élèves s’y sont provisoirement installés, en attendant l’ouverture du lycée à la rentrée 2019. Nous les avons équipés avec du matériel innovant : chaises et tables à roulettes, mais aussi « Z-Tools », ces « sièges-tablettes » mobiles qui permettent de s’installer quasiment n’importe où pour travailler, en toute spontanéité. Les classes travaillent également avec des tableaux interactifs. Nous recueillons leurs commentaires et leurs impressions sur tout ce matériel et la manière dont il impacte leur façon de travailler. Sur ses limites d’utilisation aussi. Leurs remarques orientent le choix de matériel au moment d’élaborer les plans d’implantation.

Nous les avons aussi sollicités pour nous parler des aménagements qu’ils souhaiteraient pour leur futur « Foyer » (l’espace détente du lycée), ainsi que sur l’offre de restauration qui sera proposée sur le site.

Parmi les pôles de compétences développés au sein du STAM, il y a donc « Apprendre à entreprendre ». Comment cela se traduit-il concrètement dans l’aménagement ? Avez-vous réfléchi à des espaces spécifiques à l’acquisition de cette connaissance de l’entreprenariat ? 

La composition des trois heures hebdomadaires d’enseignement dédiées à ce pôle « Apprendre à Entreprendre » soulève en effet le besoin d’aménagements et d’équipements spécifiques.

Par exemple, pour recevoir un intervenant, nous devons être en mesure de disposer les élèves en regroupement autour de lui, pour davantage d’échanges et d’interactions. D’autres aménagements seront prévus pour alterner des temps de travail individuel avec des échanges collectifs en groupes de deux ou trois.

Tous ces aménagements doivent impérativement être flexibles : par exemple, la salle polyvalente intègrera des gradins escamotables, comme un amphithéâtre qui peut se replier ou au contraire accueillir plusieurs classes pour des conférences. La salle possèdera également un stock de chaises et de tables pour permettre la tenue d’ateliers, de forums et de rencontres avec des associations et des entreprises : c’est important pour plonger les élèves dans l’univers de l’entreprenariat.

Cet espace sera par ailleurs mis à disposition de nos partenaires, afin de favoriser l’immersion de nos lycéens dans l’univers de l’entreprenariat.

Avez-vous des exemples concrets d’aménagements à nous donner, montrant la présence du monde de l’entreprise dans l’établissement ? 

Oui, par exemple nous avons beaucoup travaillé sur des espaces comparables à ceux que l’on trouve dans le monde du travail d’aujourd’hui : co-working, travail nomade avec des bureaux « de passage », badges d’accès à certains locaux, à la photocopieuse ou encore au restaurant.  Nous avons aussi prévu des adresses emails STAM pour les élèves, ainsi que des outils de visio-conférences…

Nous avons également veillé à faire évoluer les lycéens dans un esprit de développement durable, avec une attention particulière à la qualité de vie dans l’établissement : ce sont des valeurs adoptées aujourd’hui par beaucoup d’entreprises, qui mettent l’accent sur « le bonheur au travail ». Sans oublier la décoration qui doit elle aussi aujourd’hui être soignée ! Par exemple, nous avons proposé un coin de verdure dans le CDI.

Tous ces aménagements jouent un rôle dans l’apprentissage lui-même. Ils doivent avant tout être motivants, facilitateurs d’échanges dans les relations humaines. Le savoir-être constitue un des éléments importants dans tous les apprentissages.

En évoquant l’« agencement innovant », vous parlez sur votre site internet d’ «espaces de circulation hors normes pour créer partout dans l’établissement des zones réelles de travail et d’interactions ». Pouvez-vous là aussi nous donner quelques exemples concrets ?

En effet, nos différents halls de circulation dans le lycée ont également été pensés très spacieux pour être utilisés comme espaces de vie et de travail. Des plots avec prises PC et USB seront implantés dans ces espaces qui proposera aussi des chariots avec du mobilier mobile, disponibles pour ceux qui souhaitent travailler seuls ou en groupe dans ces halls.

Nous voulons aussi susciter l’autonomie et le sens de la responsabilité chez les élèves, dans une approche « campus ».

Comment prenez-vous en compte les variations dans les postures physiques, pendant les temps d’apprentissage ? 

A l’heure où un des défis de l’enseignement est d’obtenir la motivation, le désir d’apprendre et la concentration des élèves, il est démontré que le changement de posture favorise le plaisir d’apprendre et la capacité à se concentrer.

De ce fait, c’est avant tout l’objectif de la mobilité en classe.

Nous avons animé des groupes de réflexion sur ce sujet avec nos enseignants de lycée, lors desquels nous avons fait ressortir 2 points :

  • La nécessité de créer des classes par pôle d’enseignements (les langues, les sciences…) qui emploient des aménagements communs
  • L’intérêt d’avoir dans un même espace plusieurs types d’assises pour offrir un choix adapté aux besoins de chacun de nos élèves  

Du coup, dans les salles de classes, nous avons envisagé différentes postures possibles : assises, semi-assises, debout, instables, allongés, accroupis… Côté équipement, cela implique des tabourets instables, des chaises hautes, des coussins…

Un article paru dans le quotidien Sud Ouest explique que le CDI sera « un véritable lieu de vie et le cœur du lycée, avec scans, imprimantes et autres panneaux lumineux pour y travailler en autonomie ». Comment avez-vous procédé pour concevoir l’aménagement du CDI ?

C’est vrai qu’avec notre CDI, nous avons clairement exprimé une réelle volonté de « rupture ». Contrairement à de nombreux sites où le CDI est à l’écart avec des horaires de fonctionnement restreints, le projet architectural du lycée a voulu que notre CDI soit le poumon de l’établissement, un centre de connaissances et de la culture.

C’est un lieu qui compte beaucoup pour les élèves. Quand, il y a deux ans, nous avons soumis aux collégiens de notre ensemble scolaire notre questionnaire sur leur lycée idéal, ils ont notamment mentionné le CDI afin qu’il soit un lieu de travail commun et central. Nous l’avons donc pensé comme un lieu accueillant, ouvert sur de longues plages horaires, et vaste : il représente 290 m2. Il est également conçu comme une passerelle entre nos deux bâtiments. C’est un « carrefour », où l’on se retrouve pour échanger, travailler ensemble sur des projets, étudier seul au calme. Les ouvrages resteront au centre du lieu pour promouvoir la lecture, avec un complément en équipements numériques adaptés pour les recherches.

C’est un lieu de travail commun aux étudiants et aux enseignants : les étudiants peuvent voir les enseignants travailler, ce qui est nouveau mais aussi très important dans la relation qui peut se créer entre les élèves et les professeurs.


A noter que ce CDI sera avant tout un espace de travail, contrairement au foyer des élèves qui sera un réel lieu de détente et relaxation de 170 m2, avec des jeux de sociétés, un babyfoot, des poufs etc. 

Vous impliquez fortement les enseignants dans les choix d’aménagement. Comment recueillez-vous leur point de vue, et comment l’intégrez-vous dans le processus de décision concernant le choix du mobilier ? 

Aujourd’hui, notre équipe compte 18 enseignants sur les deux classes de seconde, les trois quarts d’entre eux travaillent en temps partagé avec d’autres établissements.

Au regard de l’aspect innovant de notre projet, les enseignants devaient être pleinement impliqués, notamment dans les questions d’aménagement.

Leur adhésion s’est avérée réelle : nous avons créé des commissions et moments d’échanges afin d’impliquer l’équipe enseignante et les engager dans des choix pertinents.  Les attentes de chacun ont été entendues.

Nous avons collecté leurs idées de manière à créer un cahier des charges et réaliser des plans de classe. Ceux-ci seront à nouveau soumis aux enseignants pour entendre leurs remarques et en tenir compte. Enfin, nous devrons faire des choix : les réalités budgétaires nous obligeront à définir les priorités pour respecter notre projet pédagogique. En tant qu’établissement privé, nous finançons l’intégralité de ce Lycée.

Vous avez évoqué les aménagements innovants déjà implémentés dans les classes de primaire (ballons, ilot central…). Peut-on utiliser cette expérience acquise en primaire pour enrichir la réflexion sur l’aménagement d’un lycée ?

La directrice du 1er degré, Mme Paillart, et son équipe sont déjà très impliqués dans les aménagements innovants depuis l’année scolaire 2017-2018. Les élèves alternent des temps  de travail avec posture libre (ballons, allongés, assis par terre, dans les couloirs, debout…) et des temps de travail assis cadrés. Toutes les classes ont modifié leur organisation spatiale pour permettre aux élèves de changer de postures en fonction de la pédagogie individuelle ou collective.

Cette expérience au primaire permet de noter que l’épanouissement des élèves et leur intérêt dans les différents apprentissages sont favorisés. Le niveau de concentration est augmenté et les élèves apprécient réellement d’apprendre dans ces conditions. Les multi-espaces rejoignent les élèves dans la nécessaire différenciation pédagogique pour les faire progresser.

Il y a des ponts réalisables pour les aménagements du lycée, comme le souhait à travers ces aménagements d’apporter le confort à chacun et la capacité de travailler dans différents contextes.

Notre rôle au lycée est aussi de préparer les élèves à entrer dans le mode professionnel qui les attendent avec ces codes, ces fonctionnements et ces exigences.

A noter :

Si vous souhaitez soutenir ce projet, un appel à participation est diffusé sur le site internet du Stam, à l’attention des entreprises comme des particuliers, via la plateforme HelloAsso. Chaque don est défiscalisable.

Crédit Photo : Zaruba

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Auteur : Margaux

Social Media Manager

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