Aménagement des espaces éducatifs
Classe de demain

Éducation

[SAGA] : Episode #4 - Premières impressions

20 août 2018
Nouvelles Classes

Précédemment dans la Saga Elancourt :

Un projet d’aménagement a été conduit à l’école de la Commanderie d’Élancourt grâce à un partenariat entre la Ville, la DSDEN, les enseignantes et Manutan Collectivités (Episode #1). Pour mesurer le chemin parcouru, nous avons décrit le point de départ du projet et sa conception (Episode #2) et le passage à l’action (Episode #3). Alors que les travaux ont été inaugurés le 22 mai, nous avons souhaité livrer ici un retour d’expérience et évoquer les premiers pas des petits et des grands dans cette nouvelle configuration.

Davantage d’espace et moins de bruit : plus rien n’est comme avant !

Une fois la mise en place réalisée en novembre 2017, Pascale Sellin, Directrice de l’école, s’est exclamée en découvrant sa classe : « ma classe est vide ! ». Alors qu’auparavant, une trentaine de chaises et de tables, une armoire, le bureau de la maîtresse et les cartables de chacun dans les travées laissaient peu d’espace libre, la métamorphose a été spectaculaire !

Bertrand Chavanel précise : « en fait nous avons cassé les règles du 19e siècle : un élève = une chaise = une table. Nous avons créé des micro-zones où il n'y a pas de table, et mis en place un plot central où l'on travaille debout et où il n’y a pas de chaise. Résultat : il y a moins de bruit dans cette classe que dans une classe traditionnelle. »

Autre changement dans le ressenti : la lumière fait son entrée !  Le mur qui sépare la classe de la salle collaborative a été percé de 5 gros hublots, ce qui contribue encore à augmenter la sensation d’espace et à donner une note de sérénité au temps scolaire !

Coté enseignant

Généraliser le travail en groupes

La coopération est une compétence importante que nombre d’enseignants sont attachés à développer chez leurs élèves. Sur ce plan, Pascale Sellin est ravie des apports de ce projet : « j'ai constaté que cela avait apporté davantage de collaboration entre les élèves. Bien sûr les bons élèves le sont restés mais ceux présentant des difficultés ont pu être tirés vers le haut !  (…) Les enfants s’épaulent mutuellement alors que jusque-là cette entraide se déroulait de manière assez passive… voire ils se contentaient de copier sur le voisin... »

La possibilité de travailler en groupes mieux et plus souvent a permis de généraliser le travail en ateliers. Mais des questions nouvelles se posent à l’enseignante : « dans la constitution des groupes faut-il que j’intervienne ou pas ?  En effet les niveaux sont différents, les élèves sont plus ou moins rapides, ce qui peut impacter le fonctionnement… La réponse n’est jamais définitive, car on ne peut pas reconduire ses choix d'une année sur l'autre : les élèves changent ! ». Les rentrées se suivent et ne se ressemblent pas !

Proposer une pédagogie différenciée

Insister sur la prise d’autonomie et sur la coopération offre à l’enseignant la possibilité d’être véritablement au cœur de sa classe. « J'ai le sentiment d’exercer une pédagogie beaucoup plus différenciée : certains sont plus autonomes ils ont moins besoin de moi, et je peux être plus présente auprès de ceux qui sont en difficulté. (…) je m'interroge pour l'année prochaine car nous accueillerons une élève en situation de handicap, je me demande si cette organisation va lui convenir. »

Adapter la gestion du temps

A nouvelle organisation, nouveaux horaires… Et là-aussi, il faut s’adapter, notamment dans la pratique du fonctionnement en « demie classe ». « En termes de bilan je dirais que le plus difficile est l'organisation du temps. Le matin est consacré aux maths et au français, nous fonctionnons en « plan de travail [i]». L'après-midi nous abordons des disciplines comme l'histoire-géographie, qui demandent plutôt un enseignement frontal.  La gestion du temps est complexe : lorsque je donne un exercice écrit à une demie-classe, je dois trouver un exercice de travaux en groupe d’une même durée pour l’autre, sachant en plus que tous les enfants n'avancent pas à la même vitesse. »

Des ajustements à trouver côté sonore

En favorisant une pédagogie plus innovante et plus interactive, les nouveaux aménagements font émerger des problématiques parfois inattendues. Si Pascale Sellin apprécie une organisation de l’espace et des équipements qui favorisent le travail en groupes, elle note cependant : « Notre problème est de donner la capacité de s'isoler du bruit, car si certains élèves sont capables de fonctionner dans le bruit, d’autres ont besoin d'un isolement absolu, aussi bien visuel que sonore. J'ai tout de même essayé de créer un endroit calme, mais idéalement il nous faudrait des cabines ».

Coté élèves

Rompre avec les habitudes

Soudain, un matin, il n’y avait plus suffisamment de chaises et de tables pour tout le monde… Les élèves ont dû se faire une raison : tout le monde ne pouvait pas s’asseoir à sa table comme avant, et il n’était d’ailleurs plus question de places attitrées. Pascale Sellin se souvient : « au début il y avait un peu de disputes pour les places ! Il n'y a que 15 places assises pour lesquelles tout le monde se battait, et puis peu à peu les choses se sont fluidifiées. Les élèves se répartissent de manière plus harmonieuse. » Les habitudes se créent « ce sont toujours les mêmes qui occupent les vélos-bureaux par exemple mais globalement, cela fonctionne. »

Changer de posture durant la classe

Totalement inenvisageable auparavant pour des raisons d’espace, une nouvelle possibilité s’offre aux élèves : ils peuvent maintenant changer de posture durant leur journée de classe ! « 3 grands types de postures sont possibles pour les élèves. Lorsqu’on fait un exercice écrit sur le cahier, je demande à ce que ce soit à une table avec une chaise, en particulier lorsqu’il faut copier à partir d’un livre ou d’une tablette.  Pour un contrôle où une feuille de papier suffit, le Ztool fonctionne parfaitement. Enfin, pour travailler avec la tablette, n'importe quel espace, n'importe quelle position est appropriée : les poufs, les coussins, le canapé. »

Et l’on parle du bien-être

Et comment se sentent les élèves, les surprises des premiers jours passées ? Pascale Sellin observe : « Les enfants se trouvent bien. Certains sont un peu réticents mais globalement sur le plan du bien-être c'est une réussite ! D’ailleurs, nous avons parfois du mal à les déloger pour aller en récréation, même lorsqu’il fait beau dehors. Ils ont l'air d'être bien dans la classe. »

Les parents aussi ont bien accueilli ces changements.  « Pour Noël, j'ai invité les parents à visiter la classe, et ceux qui sont venus ont fait des retours positifs.  Certains s'inquiètent pour l'année prochaine car leurs enfants seront au collège et là il n'y aura pas la même méthode pédagogique… »

Nouvelles pédagogies, nouvelle organisation du temps scolaire, ce retour d’expérience montre un projet qui a apporté des réponses, et qui pose aussi des questions très concrètes de mise en œuvre. Et chaque rentrée apporte son lot de surprises. L’essentiel du projet est maintenant en place, reste maintenant à finaliser : décoration, contextualisation des espaces

Suite à l’épisode #5

 

[i] Plan de travail : il s’agit d’un document regroupant des exercices de difficulté croissante dans différentes matières, en français et en maths. Pour chaque matière, plusieurs exercices de difficulté croissante sont proposés. Le plan de travail est prévu pour plusieurs jours, souvent deux semaines. L'élève choisit lui-même son exercice. Il ne peut traiter le niveau n+1 qu’après avoir terminé le niveau n, dans toutes les matières.   Bien évidemment il s’agit pour les élèves de gagner en organisation et en autonomie.

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Auteur : Bertrand

Responsable Éducation et Numérique

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