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La "Méthode Singapour" : Un nouveau moyen de repenser l'espace dans la classe

26 mars 2018
Nouvelles Classes
La méthode Singapour

Si l’on en croit l’enquête TIMSS et le célèbre classement PISA, la France, classée parmi les 15 premiers en 2003, a descendu à la 27e place sur 72 en 2015. Fin 2017, un rapport a été demandé au député – et mathématicien – Cédric Villani. Parmi les solutions proposées, figure la « Méthode Singapour », venue d’un pays en tête de classe.

Qu’est-ce que la méthode Singapour ?

Depuis 1995, Singapour caracole en tête des études internationales sur les systèmes éducatifs (études TIMSS 1995, 1999 et 2003). Il était donc légitime de se demander « mais comment font-ils ? ».

Quant à la méthode d’enseignement des mathématiques, dite « Singapour », il s’agit en fait d’une synthèse de nombreuses pratiques didactiques et pédagogiques. Destinée aux élèves des écoles primaires, du CP au CM2, elle couvre tous les éléments des programmes de mathématiques (les formes géométriques, l’heure, la monnaie, les fractions, les 4 opérations…). Elle est consignée dans des manuels spécifiques, que plusieurs pays ont adoptés avec succès : les Etats-Unis, Israël, l’Inde et la Finlande.

La formation des enseignants y est, en nombre d’heures, 5 fois plus importante qu’en France : 400 heures contre 80.

Alors, comment enseigne-t-on les mathématiques à Singapour ?

Les mécanismes de la Méthode Singapour

En réalité, tout se passe comme si les élèves faisaient des mathématiques sans s'en rendre compte. Observer et manipuler de manière concrète, pour, peu à peu, passer à une application plus abstraite et ainsi décrypter ce qui sous-tend les symboles et les chiffres mathématiques.

Une progression du concret à l’abstrait

La méthode Singapour part du concret avec des objets familiers du quotidien pour passer ensuite par l’image. A la fin, on arrive par l’abstrait des différentes lois et principes des mathématiques :

1. Les notions mathématiques sont tout d’abord incarnées dans la manipulation d’objets (ce qui n’est pas sans rappeler la méthode Montessori). Pour approcher le nombre 10 : une pile de 10 cubes. C’est l’étape concrète.

2. Ensuite, les objets sont remplacés par des images qui les représentent, par exemple une pièce de 10 centimes.

3. Enfin, lorsque les élèves se sont familiarisés avec les concepts de la leçon, ils ne travaillent plus qu’à l’aide de chiffres et de symboles. Ils sont maintenant arrivés à l’étape abstraite.

Le rôle du jeu

A l’âge de l’école primaire, manipuler des objets familiers s’apparente vite au jeu. Cette approche tout d’abord ludique répond à différentes fonctions :

  • Motiver : jouer est naturel pour les enfants, et chacun s’implique plus volontiers ;
  • La dynamique de groupe est favorisée ;
  • Dédramatiser l’image rébarbative des maths et lever les blocages que peuvent avoir certains « après tout ce n’est qu’un jeu » ;
  • Donner à l’enseignant le plaisir d’enseigner cette matière !

Quels espaces éducatifs pour la méthode Singapour ?

Pour certains, cela ne fait pas le moindre doute : il est absolument nécessaire de rompre avec la classe du XIXè siècle, celle des élèves immobiles et silencieux qui écoutent la parole du maître.

« "On reste en France dans un monde qui est plutôt du 19e siècle", affirme Peter Gumbel, journaliste et enseignant anglais(…) . Les élèves ne travaillent pas beaucoup en groupe ce qui, partout ailleurs, est la façon d’apprendre. Il n’y a, dans les classes françaises, pas de participation active des élèves. Nous sommes dans l’idée d’avoir le prof, qui transmet le cours magistral, avec des enfants plutôt passifs. Nous n’avons jamais changé la donne", poursuit le journaliste, qui brandit l’exemple de Singapour, en tête du classement : "là-bas, on donne la question, les élèves travaillent en groupe et cherchent la bonne réponse. Dès qu’un élève l’a, il l’explique aux autres et tout le monde discute. Il y a clairement une différence avec la passivité française". »

Le rapport Villani appelle de ses vœux une évolution vers la « Méthode Singapour », ce qui signifierait :

- Renforcer la formation des enseignants en mathématiques : en effet, la plupart provient de filières littéraires. Et peut être certains aimeraient-ils éprouver davantage de plaisir à enseigner cette matière ?
- Organiser l’espace éducatif en adéquation avec cette méthode, en particulier pour :

  • Favoriser le travail en groupe : penchés sur un même jeu ou présentant le résultat d’un problème au reste de la classe ;
  • Ménager différentes postures physiques pour les élèves : en cela, la méthode Singapour trouve pleinement sa place dans un espace de flexible Seating : tables basses, tapis, tables hautes, chaises classiques mais aussi poufs et coussins, pour manipuler bouliers, cubes, matériel Montessori, logiciels, jeux éducatifs, « nombres en couleur du Matériel Cuisenaire » ;
  • Disposer d’un espace de travail par petits groupes en configurant des îlots ;
  • Prévoir le stockage de tous les matériels.

En France 120 000 écoliers dans 2000 classes, du CP au CM2, étudient les mathématiques avec la méthode de Singapour. Sans doute n’avons-nous pas le recul nécessaire pour savoir si oui ou non elle aura en France le même succès que dans les pays qui ont suivi Singapour. Car n’oublions pas qu’en cette ère digitale, algorithmes et logique ne sont jamais très loin !

l’enquête TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) 2015 sur les mathématiques et les sciences.Organisée par l’IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement), l’enquête évalue les performances des élèves (CM1, 4e, Terminale) en maths et en sciences, dans le monde entier.

Et vous ? Que pensez-vous de la méthode Singapour ?

 

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Auteur : Bertrand

Responsable Éducation et Numérique

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