Aménagement des espaces éducatifs
Classe de demain

Éducation

De petits aménagements pour mieux accueillir en classe un enfant autiste

15 mars 2019
Nouvelles Classes

Accueillir un élève autiste en classe est souvent source d’appréhension pour l’enseignant comme pour l’enfant. L’enseignant, parce qu’il se demande en quoi ce nouvel élève sera « différent », et comment il s’intègrera parmi ses camarades. Pour l’enfant, parce qu’intégrer un groupe et acquérir une nouvelle routine est toujours un défi. Les parents d’enfants autistes, comme leurs enseignants, sont cependant unanimes : même si ce n’est pas tous les jours facile, l’expérience est particulièrement enrichissante pour chacun. Une intégration réussie passe par une bonne compréhension par l’enseignant de ce qu’est l’autisme, une communication rapprochée avec les parents pour bien connaître l’enfant et ses habitudes, mais aussi quelques aménagements de l’espace d’apprentissage.  

 « On s’imagine encore souvent aujourd’hui les personnes autistes comme totalement repliées sur elles-mêmes, ne parlant pas, n’entretenant aucune communication avec leur entourage », explique un guide publié par le ministère de l’Éducation nationale il y a dix ans. Nous sommes en 2019 et l’autisme est encore méconnu. En réalité, un enfant autiste n’est pas forcément prostré sur lui-même. Mais il a beaucoup de mal à communiquer avec les autres, alors qu’il en a souvent très envie. Des troubles DYS, et en particulier des difficultés en motricité fine peuvent s’ajouter au trouble autistique de l’élève qui, pour s’intégrer en classe malgré ces handicaps, dépense une énergie considérable. Cela génère une intense fatigue qui s’ajoute à celle, normale, liée aux apprentissages classiques.

La première chose à faire pour l’enseignant et la direction de l’établissement scolaire est donc de se documenter au maximum sur la question, pour une meilleure compréhension générale de l’autisme. Discuter le plus tôt possible avec les parents est également crucial pour connaître les problèmes spécifiques que l’enfant rencontre au quotidien, car ce trouble peut s’exprimer de manière différente selon les individus.

A partir de là, quelques aménagements de la classe peuvent améliorer le quotidien de chacun. En voici quelques-uns. 

#1 - Structurer l’espace : le premier aménagement de la classe pour accueillir un élève autiste

  • Créer dans la classe des zones d’activité clairement définies (pour le travail en groupe, les ateliers artistiques, le jeu, le travail individuel, le goûter en maternelle…) L’enfant trouve dans cette structuration les repères dont il a cruellement besoin pour se sentir bien. On peut utiliser du mobilier de couleurs et de formes différentes selon chaque zone d’activité. (Attention aux couleurs cependant, comme on l’explique au point #2)
  • On peut délimiter les espaces au sol avec du scotch coloré, qui peut aussi servir à visualiser les parcours pour passer d’une zone à l’autre. Le déplacement est important pour l’enfant autiste. Il peut avoir davantage besoin de bouger que ses camarades et doit pouvoir le faire dans un cadre structuré.
  • Sur chaque zone, placer des dessins représentant les différentes activités pour mieux les identifier.

#2 – Faire attention aux couleurs dans la classe

Demander aux parents les couleurs auxquelles leur enfant est sensible, positivement ou négativement. L’enfant autiste souffre de difficultés de perception, de traitement et de régulation sensorielles : les couleurs, bruits, mouvements, odeurs, textures etc, peuvent s’avérer trop stimulants et déstabilisants pour l’enfant, le fatiguer voire déclencher une crise d’anxiété. Le type d’information et le seuil de stimulation dépendent de chaque enfant.

#3 - Choisir la bonne place en classe pour l’élève autiste

  • Pour éviter les sources de distractions et de stimulation excessive (lumière et bruit notamment), mieux vaut ne pas choisir une place près d’une fenêtre ou d’une porte. Par ailleurs, certains élèves préfèrent être devant pour se concentrer sur l’enseignant, d’autres derrière ou sur le côté, pour se sentir un peu en retrait par rapport à leurs camarades. Cela dépend des sensibilités.
  • Dans certains cas, on peut placer sa table près de celle d’élèves dont le calme et la rigueur lui apporteront une présence rassurante. Ils pourront éventuellement accompagner leur camarade dans certaines tâches. Leur rôle n’a bien sûr rien à voir avec celui de l’AVS mais peut être gratifiant pour eux, s’ils l’acceptent.

#4 - Organiser le plan de travail

  • Pour mieux définir visuellement le plan de travail individuel de l’enfant, on peut là aussi utiliser du scotch coloré (mêmes remarques que ci-dessus pour la couleur à choisir).
  • Veiller à ne poser sur la table que le matériel utile pour l’activité en cours, pour éviter les dispersions.
  • Certains enfants, apprécient un espace de travail « bulle » (sans être totalement isolé), et peuvent se sentir mieux derrière un petit paravent placé sur leur bureau.
  • Si l’enfant en exprime le besoin, organiser l’activité « de gauche à droite » : le matériel nécessaire à chaque activité est placé à sa gauche dans différents paniers ou tiroirs. Une fois l’activité réalisée, l’enfant range le matériel et le résultat de son travail dans le tiroir ou bac qu’il pose à sa droite. Cela nécessite un plan de travail assez vaste, avec de l’espace autour de la table : on lui adossera, à gauche, un meuble à étagères et à tiroirs comme ceux utilisés pour les ateliers de type Montessori. Dans les tiroirs ou paniers seront préparées les activités et travaux pour la journée. Les tiroirs seront équipés de gommettes ou d’étiquettes permettant de clairement identifier chaque activité. A noter que ce type d’aménagement permet aussi de donner à l’élève une place bien différenciée et reconnaissable : cela peut le rassurer.

#5 - Utiliser des gommettes et étiquettes attractives et rassurantes

  • Discuter avec les parents permet aussi de connaître les centres d’intérêts de l’enfant. Selon son âge, on peut ensuite les utiliser pour choisir des gommettes, des étiquettes et des motifs de tampons qui lui plairont et le rassureront.
  • On peut aussi utiliser ces centres d’intérêts pour personnaliser les différents outils de repérage visuels utilisés en classe (voir points suivants).

#6 – Afficher des supports visuels pour structurer le temps
 

  • L’appréhension du temps peut être un problème pour un enfant autiste. Pour l’aider à se repérer dans son quotidien, il est important de rappeler oralement les différentes étapes de la journée, et d’en décréter pour chacune le début et la fin. On recommande aussi d’afficher, bien visibles pour l’enfant, des repères visuels :
  • Un minuteur ou un sablier, pour l’aider à prendre conscience de la durée d’une activité, quelle que soit sa classe, s’il en éprouve le besoin.
  • Des affichettes symbolisant l’activité en cours (écriture, mathématiques...), à afficher au tableau.
  • Des planches de type « bandes-dessinées », accrochées aux murs et décrivant différents scénarios sociaux, comme dire bonjour et poser ses affaires quand on entre dans la classe.
  • Un emploi du temps indiquant le déroulé de la journée et marquant l’activité en cours.

#7 - Mettre à sa disposition des supports pour exprimer ses émotions
 

  • Des cartes symbolisant son état émotionnel (une carte joie, une carte colère…) que l’enfant pose sur sa table pour exprimer ce qu’il ressent quand ses émotions le submergent.
  • Un « thermomètre » du stress, avec une échelle allant du calme à la colère, dont l’enfant peut déplacer le curseur pour décrire son état intérieur, et qui lui propose des stratégies en fonction de l’émotion ressentie.

# 8 – Créer un coin d’isolement sensoriel

Cet espace de la classe est dédié à l’enfant autiste et à lui seul. Il lui permet de faire une pause et de s’isoler au calme quand il sent qu’il est trop sollicité ou stimulé.

On peut le délimiter par des paravents ou par des claustras, dont la mobilité permet de fermer ou d’ouvrir selon le besoin de l’enfant.

A noter qu’on peut aussi garder en classe un casque insonorisant qui sera utilisé quand le volume sonore monte, de manière prévisible ou pas : si les bruits dans la cour pendant la récré sont trop élevés par exemple, ou en cas d’exercice d’alerte incendie, et que l’enfant ne peut supporter le son de l’alarme.

#9 – Utiliser le cerceau pour marquer la bonne distance

Le cerceau est très utile dans différents cas. Il symbolise chaque fois la limite de l’espace personnel pour l’élève autiste. Il permet par exemple à l’enfant qui se place en son centre de visualiser la bonne distance à respecter entre lui et les autres.

Si vous n’avez pas de cerceau, l’enfant peut utiliser ses bras grâce au jeu du toucan : il tend les deux bras devant lui, mains jointes en pointe pour faire un « bec de toucan ». On prononce une petite formulette : « Les gens comme les toucans ont besoin pour s’exprimer de ne pas être trop près. Un bec ou deux bras, cet espace tu respecteras ».

#10 – Pour les plus petits, un coin avec des récipients sensoriels

Réserver une zone de jeu dans laquelle les petits peuvent manipuler à leur convenance des matières et objets (balles, tissus, sables…) pour en retirer différentes sensations, qu’ils doseront selon ce qu’ils peuvent supporter. Il faut naturellement surveiller les émotions qu’ils expriment au fur et à mesure, au cas où les informations sensorielles seraient trop envahissantes.

Ces différents aménagements peuvent largement faciliter les apprentissages de l’enfant autiste et sa bonne intégration en classe. A noter que les experts et parents sont unanimes pour dire que sa présence est un enrichissement pour tout le monde et que ces enfants sont souvent très droits, loyaux et persévérants : des qualités en or pour ces élèves pas tout à fait comme les autres.

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Auteur : Marie

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