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Éducation

Autisme : vers des classes plus inclusives dès la maternelle

7 décembre 2020

Dans la Somme, Cécile accompagne des enfants porteurs d’autisme au sein d’une unité d’enseignement de maternelle à Chaulnes. L’accompagnement sur mesure répond aux difficultés liées au spectre autistique : troubles de la communication verbale et non verbale, altération des interactions sociales...  Témoignage.

Pourriez-vous nous présenter votre classe de maternelle ?

Notre unité d'enseignement maternelle pour enfants avec autisme (Uemea) a ouvert en septembre 2019 au sein d’une école classique. Nous accueillons sept enfants grâce à un dispositif dédié faisant intervenir sept adultes. Notre équipe est composée d’une psychologue, d’une orthophoniste, d’une psychomotricienne et de moi-même en tant qu’enseignante. Toutes ces compétences apportent un regard croisé pour accompagner les enfants au mieux et de façon personnalisée. Nous pouvons ainsi définir un programme en fonction du handicap et des compétences déjà acquises. Notre objectif est de les faire gagner suffisamment en autonomie pour entrer au CP avec l’aide d’un accompagnant des élèves en situation de handicap (Aesh).

Comment votre classe est-elle intégrée au reste de l’école ?

Les enfants que nous suivons sont intégrés à la vie de l’école au quotidien. Ils jouent dans la cour de récréation et déjeunent à la cantine, par exemple. Il s’agit souvent de situations difficiles pour eux, anxiogènes. Il y a davantage de monde, et de bruit. Les interactions ne sont pas innées, ils doivent apprendre les codes, c’est pourquoi nous sommes là pour les aider à oser davantage. Ils vont par exemple aller discuter avec d’autres enfants, jouer au toboggan. Les enfants apprennent notamment beaucoup en imitant leurs camarades. C’est une façon pour eux de mieux comprendre les émotions en décryptant les expressions sur les visages. Ils ont aussi la possibilité de passer une à deux heures par semaine dans une classe classique pour s’habituer aux nouvelles conditions d’échange et de travail.

Y a-t-il des approches pédagogiques spécifiques ?

L’autisme engendre des troubles du comportement, comme des difficultés à s’exprimer, à interagir, à comprendre les émotions des autres enfants. Ils peuvent aussi être très concentrés sur une tâche et se focaliser dessus en oubliant le reste. Face à ces spécificités, nous privilégions l’approche ABA (« Applied behaviour analysis ») ou analyse du comportement ainsi que la méthode Teacch. La première idée est de renforcer les comportements adaptés grâce à l'obtention d'un jouet favori après chaque bonne réponse.

Par exemple répéter un jeu de logique pour jouer quelques minutes avec son jouet préféré. La méthode Teacch (« Treatment and education of autistic and related communication handicapped children ») permet quant à elle de structurer à la fois les activités réalisées mais aussi la gestion de l’espace au sein de la classe. Pour chaque activité en autonomie, le travail à faire est présenté dans une bannette située à la gauche de l'enfant, et il place ensuite le travail effectué dans une bannette située à sa droite.

La répétition des gestes aide à l’assimilation des notions. Pour les aider à gagner en autonomie, la classe est organisée en zone et par code. Chaque activité est associée à un pictogramme que l’enfant peut retrouver dans planning visuel en colonne affiché dans la classe. Avant de commencer l'activité prévue, l'enfant décroche le pictogramme du planning et va le scratcher sur une affiche située à l'endroit où a lieu l'activité. Quand chaque activité est terminée, il décroche le pictogramme de l'affiche et le place dans le petit bac dédié, accroché en dessous de son planning visuel. Il enchaine ensuite avec l'activité suivante. 
Il se déplace ainsi de lui-même pour récupérer le matériel nécessaire à son activité et peut aller s’installer de lui-même dans la zone de l’activité avec plus d'autonomie que s'il devait être guidé par l'adulte en permanence.

Et au quotidien, comment votre classe est-elle organisée ?

Le matin, la journée commence par un temps de regroupement, comme dans une classe de maternelle classique. On se dit bonjour, on chante des comptines, on découvre un livre tous ensemble, on compte et on note les présents, les absents, et la date. Dans l’après-midi, il y a des ateliers par petits groupes en îlots. En complément, chaque jour, l’enfant participe à un atelier intensif en tête à tête avec un enseignant pour se concentrer sur les points de blocage. Pour faciliter la concentration, nous avons mis en place des box permettant d’isoler l’élève réalisant l’exercice du reste de la classe. Nous avons aussi une zone de jeux, de collation, un espace pour le temps calme, pour se laver les mains, etc. Chaque espace à sa fonction.

Depuis le déconfinement, nous avons maintenu un espace par box pour respecter la distanciation sociale et proposer des espaces de travail individuels. Nous avons cependant dû supprimer les coins jeu et collation, ainsi que les tables pour le travail collectif en attendant les nouvelles directives gouvernementales.

Avez-vous déjà des premiers retours des parents ?

Ils sont ravis ! Les enfants progressent, ils sont encouragés et écoutés. Souvent, il s’agit d’enfants qui n’étaient pas scolarisés jusqu’ici à cause de leur trouble. C’est un soulagement pour les parents. Les enfants s’expriment davantage. C’est une première victoire !

Pour découvrir la classe en images, retrouver le reportage sur France 3 réalisé en novembre 2019.

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