Aménagement des espaces éducatifs
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Témoignage de la classe de Marina - Enseignante au CE1

14 juin 2018
Témoignages

Très active sur les réseaux sociaux, Marina est une enseignante qui s’intéresse à l’aménagement de la classe. Elle y a consacré son mémoire dans le cadre de sa préparation au Cafipemf[1]. Elle fait aujourd’hui un retour d’expérience sur ces 3 dernières années qui ont vu sa pratique évoluer et s’adapter chemin faisant.

Quel a été l’élément déclencheur dans l’évolution de votre pratique pédagogique ?

J’enseigne en cycle 2[2] depuis très longtemps, d'abord en CP puis en CP-CE1 et enfin CE1 depuis 5 ans :  je connais très bien cette tranche d'âge ainsi que les programmes. Ces conditions favorables ont contribué à ma décision faire évoluer ma pratique.

J’ai débuté ma carrière en Enseignement Spécialisé face à des personnes en situation de handicap : dans ces cas-là vous êtes obligé de travailler en différenciant chacun tout en vous intéressant à tous. Il faut faire en sorte que tous les élèves réussissent, sachant qu’ils ont des besoins très différents. Exercer face à des personnes en situation de handicap apprend vraiment cette personnalisation, cette individualisation. Indiscutablement cela a marqué ma pratique professionnelle. Je suis donc attachée à une pédagogie de différenciation et cela demande de travailler en petits groupes.

Nous travaillons par ateliers d'une taille maximum de 7 à 8 personnes (sur 26 élèves au total). Lorsque plusieurs enfants n’ont pas compris une même notion, je constitue un groupe ad’hoc pour expliquer et revoir… Mais de manière générale, l’idée n’est pas de créer des groupes de niveau. Bien au contraire, ces groupes sont volontairement très hétérogènes : les plus à l'aise expliquent à leurs camarades ; ainsi ils travaillent sur leurs compétences et aussi sur la pédagogie : c’est une chose que d’avoir compris, c’en est une autre d’expliquer à d’autres. Dans tous les cas c’est un très bon exercice ! L’avantage est de permettre aux autres de bénéficier d’explications différentes des miennes, avec des messagers différents, venant de leurs camarades : un esprit de tutorat.

Quelle a été votre trajectoire de mise en place ?

Globalement, on peut dire donc que j’ai procédé par étapes : je suis passée de l'enseignement frontal à de l'enseignement en demi-classe, puis à de l'enseignement en ateliers.

Cette année, après une première période en demi-classe, je me suis aperçue que cela ne fonctionnait pas : j’avais des élèves assez « gigoteurs ». J’ai donc commencé à instaurer les ateliers en groupes avec, tous les jours, 4 ateliers sur des périodes de 25 minutes :  2 le matin et 2 l'après-midi. Le reste du temps est consacré à de l’enseignement collectif avec tous les élèves en zone de regroupement.

Comment a évolué l’aménagement de votre classe en parallèle ?

Lorsque je fonctionnais en configuration demi-groupe :  j'avais le U dans la partie avant de la classe avec 13 tables et chaises et, dans la partie arrière, le reste des tables en ilots. J’en ai enlevé une dizaine et, l’été dernier, mon bureau : il prenait trop de place et c'était mon débarras, de plus, je me déplace beaucoup je suis rarement assise … D’ailleurs, beaucoup de mes collègues ont fait comme moi !

Ma classe se présente maintenant sous la forme de différents espaces, chacun dédié à un type d’activité :  

  • Un espace d’enseignement guidé : une sorte de petit U avec 7 places et ma chaise
  • Un espace face au tableau avec 6 tables / chaises
  • Un grand coin bibliothèque avec des bancs et des coussins pour les ateliers lecture : il est séparé de la classe par une grande plante verte et un meuble pour les livres. Il se situe en fait à la place de mon ancien bureau.  C’est un endroit assez « cocoon ».
  • Un espace avec un groupe de tables
  • Une table hexagonale de taille « maternelle » avec des petites chaises pour les maths les travaux de recherches et les travaux en groupe
  • Le coin bibliothèque est un peu protégé, mais sinon ces espaces sont ouverts pour me permettre d'avoir une vision sur tout le monde.

Enfin, ma collègue – dont la classe est face à la mienne – et moi avons aménagé l’espace dans le couloir entre nos deux salles. Nous y avons placé 6 bureaux pour les travaux de groupe. J'ai la chance d'avoir une classe mobile :  c'est un caisson de 1 m sur 2 qui contient 13 ordinateurs. Les élèves peuvent aller s'y installer et prendre un ordinateur, faire un atelier poésie… la porte est toujours ouverte pour que je puisse les voir. Avec ma collègue nous gérons parfaitement bien le partage de cet espace commun !

Avec le recul, y a-t-il des choses que vous auriez faites autrement ?

Il est difficile de tomber juste tout de suite :  j'ai tâtonné !  Depuis le début de l'année scolaire, j'ai mis en place successivement 3 aménagements différents ! L’espace Guidé par exemple n'est pas forcément au même endroit que ce que j’avais initialement prévu au tout début sur plans : certaines activités sont plus bruyantes que d’autres, il y en a d’autres qui demandent du calme :  il faut prendre tout cela en compte. Plusieurs essais ont donc été nécessaires avant de parvenir à situer correctement chaque espace dans la classe.

L’enseignement qu’il faut en retirer est qu’un aménagement semble très bien fonctionner sur le papier, et pas du tout à l’usage !   Il faut ajuster chacun des espaces en fonction du travail qui y est effectué, mais aussi pour que tous les espaces puissent fonctionner entre eux. Par exemple :

  • pour les activités qui demandent  de la concentration : face au tableau
  • pour les travaux en groupe j'ai une table qui permet de se regrouper au fond de la classe
  • pour lire j'ai un coin dans le calme un peu protégé

La posture des élèves, la façon de travailler en individuel ou en collectif doivent être également prises en compte ! Vous voyez que ce n’est pas simple !

Beaucoup de collègues se lancent dans le « flexible », sans doute par un effet de mode ! Ils essaient de le mettre en place dans leur classe sans vraiment y avoir réfléchi et surtout sans modifier leurs pratiques pédagogiques.

« C'est parce qu'on travaille différemment qu'il faut aménager différemment et pas l'inverse ! »

Or, c’est bien là qu’il faut commencer : d'abord réfléchir aux besoins pédagogiques et ensuite concevoir les aménagements.

Les retours d'expériences des autres enseignants m'ont permis de voir qu'il y avait une autre chose possible que le travail en frontal.  Ils m'ont permis de travailler autrement, et appris à être dans une démarche d’analyse… Mais surtout à ne pas adopter un modèle sans réfléchir !

Et si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous ?

Eh bien, sur le plan du matériel, j'ai fait avec les moyens du bord !

J'aimerais adapter le mobilier à ma pratique de classe flexible : par exemple avoir des chaises et des tables équipées de roulettes pour pouvoir modifier en quelques minutes et dans le calme, l'organisation de ma salle de classe. Certes, mes espaces sont maintenant bien localisés, mais parfois j’aimerais avoir la possibilité de changer tout cela pour une courte durée, ce qui n’est, en l’état actuel des choses, pas vraiment possible.

Pour la classe de cette année, je pense être arrivée à mon fonctionnement idéal ! Mais rien n’est acquis définitivement, la rentrée prochaine apportera son lot de surprises !

Pour en savoir plus : http://maisquefaitlamaitresse.com/ - Instagram  @maisquefaitlamaitresse

[1] Certificat d'aptitude aux fonctions d'instituteur ou de professeur des écoles maître formateur (CAFIPEMF)

[2] (du CP au CE2)  

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Auteur : Bertrand

Responsable Éducation et Numérique

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