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Éducation

Comment soutenir la concentration de l’enfant en classe ?

7 décembre 2018
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« Dissipé », « Agité », « Rêve en classe », « Ne tient pas en place », « N’écoute pas les consignes » … Ces appréciations un peu lapidaires traversent les époques et les bulletins scolaires. Elles évoquent un même sujet : le manque de concentration de certains élèves. Celui-ci impacte négativement leurs résultats et leur épanouissement à l’école, et parfois gêne leurs camarades de classe. Quels sont les facteurs de ces problèmes de concentration, et comment y remédier ?

Les problèmes de concentration ont différentes causes possibles. Certaines sont tout simplement naturelles, liées à l’évolution de l’enfant : à un certain âge, il est normal d’avoir du mal à rester attentif pendant une durée prolongée. Dans d’autres cas, cette difficulté peut venir d’un contexte ponctuel, source de stress. Et parfois, il s’agit d’un véritable trouble de l’attention et de la concentration (le TDA/H : Trouble du déficit et de l’attention avec ou sans hyperactivité).

Tous ces cas de figures ne peuvent être abordés et pris en charge de la même manière. Cependant, des réponses communes peuvent leur être apportées, notamment en classe.

Les problèmes de concentration « naturels »

Pas facile pour un enfant de rester assis à sa place toute la journée. Pas facile non plus pour un adulte, en fait. Aurélia, enseignante en CP, a raconté sur notre blog avoir eu un déclic après être restée assise trois heures d’affilée pendant une formation… et avoir trouvé cela difficilement supportable. Et si c’était une clé du problème de bougeotte et de déconcentration observés chez ses élèves ?

Les meilleurs remèdes contre la bougeotte : le mouvement…

Elle a aménagé sa classe en conséquence. Parmi son mobilier, en plus des tables et chaises classiques, elle a désormais des tabourets hauts et des tables surélevées ; des tabourets bas et des tables basses ; des coussins d'équilibre qui offrent une assise réduisant les gesticulations ; des cerceaux pour s'asseoir en indien par terre, délimiter l'espace de chacun et apprendre à respecter celui des autres ; des supports à tablettes ; des planches à clips. La journée d’école est ainsi partagée entre des périodes en postures « classiques » et des périodes en postures choisies par les élèves selon le travail à faire. L’élève bouge pour passer d’une période à l’autre, d’une posture à l’autre, et sa concentration est améliorée, explique l’enseignante.

Un autre témoignage en ce sens nous vient de l’autre côté de l’Atlantique : au Québec, Sonia Saint Louis, enseignante de 6e année (équivalent de la 6e en France), explique dans le livre « Les Ecoles qu’il nous faut » de Marc André Carignan que si un élève « a besoin de sautiller sur un ballon pour se garder motivé, eh bien tant mieux ! Un autre sera assis au sol parce que ça lui convient mieux ». 

Ces astuces d’aménagement s’avèrent aussi très utiles aussi dans le cas d’enfants présentant un « déficit attentionnel » plus prononcé que les autres. Marie-Claude Maisonneuve (infirmière, diplômée de L’Institut de Neuro-Psycho-Physiologie de Chester en Grande-Bretagne) explique que «l’enfant qui s’étire, se balance sur sa chaise, se met debout pour travailler, nous exprime de façon fonctionnelle (…) que les fonctions de son système vestibulaire sont trop faibles pour lui permettre à la fois de se tenir tranquille sur sa chaise et de soutenir son attention visuelle et auditive. Il choisit instinctivement de bouger afin d’être attentif ».

… et la flexibilité

D’où l’intérêt de ces classes où l’on peut varier les postures, et circuler d’une zone de travail à l’autre… ce qui nous ramène encore aux bienfaits de la classe dite « flexible ». Une étude britannique de l’université de Salford avait déjà souligné l’impact de la flexibilité d’une classe dans les performances des élèves à l’école. Selon cette étude, la flexibilité compte pour 17% des facteurs améliorant les performances scolaires : elle se situe entre la luminosité de la salle de classe (21%) et la qualité de l’air qui y règne (16%), (à ne pas négliger non plus, évidemment, pour favoriser une bonne concentration tout au long de la journée).


L’importance de la flexibilité dans la concentration s’explique par la possibilité de bouger qu’elle donne aux enfants, mais pas seulement. Elle offre aussi à l’enseignant une plus grande capacité à adapter sa classe aux besoins des différents élèves, y compris de ceux ayant un problème de concentration plus profond, qualifié cette fois de « trouble ».

Le TDAH : Trouble du déficit et de l’attention avec hyperactivité

La difficulté à se concentrer peut être « naturelle », comme on la dit, ou conjoncturelle. Mais dans d’autres cas, il faut chercher du côté de troubles comme le TDAH. Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne spécialiste de l’apprentissage scolaire, explique que “le TDAH est un dysfonctionnement du cerveau qui n’a rien à voir avec l’intelligence mais provoque une difficulté attentionnelle. (…) Les enfants ont du mal à se concentrer sur un temps prolongé, et souffrent d’une impulsivité cognitive : ils auront tendance à commencer un exercice sans lire l’énoncé ». Autre conséquence de ce trouble : l’impulsivité comportementale, avec une tendance à s’agiter lors de jeux, ou à prendre la parole sans l’avoir demandée.

Le TDAH ne peut être diagnostiqué que par un médecin et doit souvent être pris en charge par des équipes pluridisciplinaires. L’école a aussi son rôle à jouer, grâce à des aménagements favorisant au passage la concentration de tous les élèves.

Voici une cartographie ci-dessous réalisé par deux éducatrices spécialisées qui résume bien les signes de TDAH chez un enfant à l’école, ainsi que des conseils pour les accompagner au mieux.

TDAH en classe : toujours devant, toujours au calme

Le site Dys-Positif.fr apporte ainsi quelques astuces aux enseignants accueillant des élèves souffrant de TDAH, en termes d’aménagements et de pédagogies.

On place l’enfant à l’avant de la classe :

  • Devant le bureau de l’enseignant qui peut ainsi facilement interagir avec l’élève, l’encourager ou verifier qu’il reste engagé.
  • Devant le tableau, afin qu’il y ait un contact visuel fréquent avec le support. Cela accélèrera le retour au sujet principal en cas de dérapage ;

On diminue les sources de distraction en choisissant une place :

  • Où il sera le moins dérangé et le moins distrait
  • À côté d’un élève calme, peu bavard et pas perturbateur
  • Dans un environnement visuel épuré : pourquoi ne pas aménager un espace de la classe offrant à l’enfant la possibilité de se concentrer exclusivement sur son travail, par exemple en cas de devoir sur table ? Le tout est de ne pas le mettre à l’écart, évidemment.

On veille à ce que les consignes soient bien reçues, en :

  • S’assurant que vous avez toute l’attention de l’enfant au moment où vous transmettez la consigne ;
  • Restant bref : la consigne doit être claire, simple et courte ;
  • Donnant une seule consigne à la fois.

Pour être sûr que la consigne a été comprise, l’idéal est :

  • D’écrire la consigne au tableau ;
  • De demander à l’enfant souffrant de TDAH de la lire ;
  • De lui demander de la répéter en expliquant ce qu’il a en compris.

Et vous ? Quelles sont vos astuces ?

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Auteur : Bertrand

Responsable Éducation et Numérique

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