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Ørestad Gymnasium : l’école sans classes

31 août 2020
Nouvelles Classes

Lycée public spécialisé dans les médias, la communication et la culture, l’Ørestad Gymnasium, ouvert en 2007 dans la banlieue de Copenhague, au Danemark, accueille plus de 1 000 élèves. Rompant radicalement avec l’architecture classique des établissements scolaires, il s’organise autour de grands espaces ouverts et mise sur des enseignements 100 % digitaux.

Il ressemble à tout sauf à un lycée…

Vu de l’extérieur, on dirait un immeuble de bureaux. D’autant qu’il n’y a pas de cour de récréation. Mais l’Ørestad Gymnasium est pourtant bien un lycée à l’architecture moderne. Volumes généreux, volets multicolores et façades vitrées. À l’intérieur, trois étages bordés de balustrades s’enroulent en colimaçon autour d’un escalier monumental. Colonne vertébrale de l’établissement, celui-ci est également le point de rencontre privilégié des élèves, amenés à le monter et le descendre jusqu’à cinq fois par jour. « Ce qui rend notre lycée unique c’est la conception du bâtiment avec ces grands espaces ouverts et nos méthodes d’enseignement basées sur les technologies de l’information. Nous organisons les cours là où les élèves sont actifs. Comme il y peu de salles de classes, les enseignants doivent s’adapter en conséquence. Dans ce bâtiment, il faut enseigner différemment », affirme Allan Kjær Andersen, professeur principal de Ørestad Gymnasium.

Les quatre niveaux ouvrent sur des open spaces conçus comme des espaces de travail. Le mobilier noir se compose de tables rectangulaires ou carrées qui peuvent être regroupées selon les besoins. Des aires de repos aux formes arrondies offrent aux élèves des espaces de détente pendant et après les cours. Agrémentés de canapés disposés en arc de cercle, de fauteuils boules et de poufs de couleur, il n’est pas rare de les voir s’y attarder pour travailler ou préparer leurs devoirs avant de rentrer chez eux. Une cafétéria et une bibliothèque complètent l’ensemble. Le tout dans l’ambiance chaleureuse et conviviale qu’imprime le bois clair.

Un espace de classe ouvert

Un tiers au moins des enseignements ont lieu dans les open spaces aménagés dans les étages. Les salles de classe traditionnelles, qui subsistent en petit nombre dans l’établissement, sont ainsi remplacées par des salles sans murs où les activités pratiquées sont visibles par tous. « J’ai adapté ma façon d’enseigner, elle est plus différenciée et interactive », partage Brigitte Gottlieb, enseignante de psychologie.

Ainsi dans la journée, les élèves ont cours dans une diversité d’espaces, l’Ørestad Gymnasium étant conçu comme une seule et même grande classe flexible qui autorise : le travail personnel de l’élève, tel que planifié avec l’enseignant en début de cycle ; le travail en groupe, où l’enseignant passe parmi les élèves pour les guider dans leurs projets d’étude ; le travail en équipe, où l’enseignant dirige le cours ; le travail en plénière, dans de grands espaces qui peuvent rassembler plusieurs classes pour des projections, des conférences, des débats… Cette architecture innovante appuie la pédagogie promue par le gouvernement danois : une pédagogie qui privilégie l’autonomie des élèves et les apprentissages collaboratifs.

Et le bruit ?

L’Ørestad Gymnasium a fait le choix de supprimer le matériel pédagogique classique (pas de livres ni de cahiers !) au profit du tout-digital. Des ordinateurs sont mis à la disposition des élèves, également invités à s’équiper personnellement. L’enjeu : les immerger dans les nouvelles technologiques afin qu’ils s’impliquent davantage dans leur formation en produisant une partie des contenus du cours. Seul risque de cet enseignement « ouvert », l’augmentation des échanges, des mouvements et du bruit pendant les cours magistraux. Pourtant les élèves semblent s’adapter rapidement à cet espace sans murs intérieurs. « Parfois les élèves dépassent un peu les limites mais comme nous travaillons essentiellement en ligne, ils échangent par messagerie et n’ont donc pas besoin de s’interpeller d’un bout à l’autre de la classe. Le volume sonore est limité au minimum », confirme Brian O’brien Gronvold, enseignant en Sociologie. De fait, c’est un bruit de fond contenu qui anime le lycée tout au long de la journée, sans nuire à la concentration des élèves. Un pari sans précédent relevé haut la main par ce lycée danois !

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