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Le dôme : ces étudiants qui aspiraient à une classe « hors les murs »

18 janvier 2021
Nouvelles Classes

Ne plus faire cours dans un lycée, aller ailleurs, apprendre autrement… Ces désirs d’étudiants en classe passerelle, Caroline Cohen, leur professeur d’économie-gestion au lycée Saint-Exupéry de Marseille les a pris au pied de la lettre pour les accompagner dans la création d’un dôme. L’expérience primée est aujourd’hui poursuivie dans plusieurs lycées de la commune. Témoignage.

Le dôme : un projet  étudiant de l’Accélérateur citoyen

La peur de faire du sur place. Pour beaucoup d’élèves n’ayant pas trouvé de formation après l’obtention du baccalauréat en 2018, la question était bien réelle. Afin de maintenir ces étudiants dans le circuit scolaire et leur permettre à terme l’accès à l’enseignement supérieur, le rectorat a créé en ce sens, des classes passerelles. C’est dans ce contexte un peu particulier que certains étudiants du lycée la Calade puis l’année suivante du lycée Saint-Exupéry de Marseille ont pu rejoindre le programme de l’Accélérateur Citoyen labélisé « Cordée de la réussite ». Objectif : permettre aux jeunes, d’imaginer des idées pour changer leur vie et mener des actions concrètes.

Après deux mois de recherche, l’idée du dôme s’est finalement imposée aux élèves comme une évidence : « Il y avait  un sentiment d’injustice chez ces élèves diplômés qui se retrouvaient finalement à étudier dans les mêmes lieux et les mêmes conditions que l’année précédente. Ils ne trouvaient pas ça  normal. Alors, on s’est dit qu’il fallait utiliser cette colère. Elle les a conduit à la création du dôme », raconte Caroline Cohen, une enseignante d’économie et gestion, impliquée au quotidien dans la réalisation du projet.

Une classe « hors les murs »

Concrètement, le dôme se présente sous la forme d’une géode. Sans porte, il ouvre la classe sur le monde extérieur. Sa structure démontable et mobile donne également la possibilité de faire cours de façon nomade que ce soit « dans la cour d’un établissement comme sur le vieux port », explique Caroline.  Mais avant de pouvoir faire cours, la professeure agrégée en économie s’est vite rendue compte que le dôme se transformait en cours à part entière. « Le dôme est devenu un cours de montage où les élèves apprennent beaucoup sur eux, sur leurs difficultés personnelles. Ils apprennent à travailler en équipe, à s’écouter. Et puis, ça fait écho à ma matière puisqu’il faut résoudre un problème mathématique de triangles équilatéraux pour le monter. »

Une fois érigée, il faut dire que la structure du dôme bouleverse la relation d’un professeur face à ses élèves assis en tailleur. Dans le dôme, deux configurations sont possibles : « soit on est debout, et ça nous donne une posture de chef d’orchestre pour faire de la gestion de projets,  soit on s’assoit face aux élèves d’égal à égal pour mener dehors des ateliers de confiance en soi, d’expression orale  et de citoyenneté. » Caroline a ainsi fait une croix sur l’utilisation d’un tableau dans l’espace du dôme : « On enseigne autrement et cela apporte beaucoup. Le dôme favorise une proximité entre l’élève et l’enseignant mais aussi de l’entraide au sein du groupe d’élèves. », raconte-t-elle.

Pédagogie de l’empowerment et réussite paradoxale

Dans le dôme, se dessine également les traits d’une pédagogie alternative selon Caroline : « Le dôme, c’est de l’ergonomie pédagogique qui permet des expérimentations nouvelles, innovantes. Nous on l’appelle la pédagogie de l’empowerment. Car on pense que des jeunes doivent mener des projets qui leur sont propres.  Je trouve ça triste que des étudiants de 23 ans quittent les bancs de l’école pour ceux du travail, sans avoir eu l’opportunité d’agir localement sur le monde qui les entoure. »

Une pédagogie qui laisse enfin la part belle au social : « il y’a des déterminismes sociaux qui sont difficile à casser. Surtout dans les quartiers défavorisés de Marseille. Dans le dôme, se joue ce que l’on nomme des réussites paradoxales. Des élèves qui ont pu grâce à une personne tierce infléchir le cours de leur vie. Je crois que l’école a ce rôle à jouer », confirme Caroline.

Et maintenant ? « Les professeurs ont trouvé l’initiative extraordinaire, ils ont vite compris l’intérêt qu’il y avait derrière. », conclut l’enseignante. Pour l’heure, il est toujours utilisé comme un accélérateur d’idées auprès de classes qui vont du collège au BTS dans plusieurs lycées de l’académie d’Aix-Marseille.

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