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L’empathie : la clé de l’apprentissage ?

27 octobre 2021

Innée ou apprise, l’empathie est une qualité que l’on observe dès le plus jeune âge. Son développement dépend pourtant de nombreux facteurs à mesure que l’enfant grandit. Elle est indispensable pour apprendre et vivre en société. Et si l’empathie était la clé de l’apprentissage ? Claude Didierjean-Jouveau, auteure du livre Développer l’empathie chez les enfants, revient sur l’empathie dans le cadre scolaire.  

L’empathie est la capacité à reconnaître et ressentir les émotions chez les autres. Cette faculté apparaît en effet dès le plus jeune âge, elle est instinctive : « On perçoit les prémisses de l’empathie chez les nourrissons qui n’ont pas encore le langage, en observant qu’ils regardent plus longtemps ce qu’ils préfèrent », explique Claude Didierjean-Jouveau. L’empathie affective, qui consiste à simplement ressentir de la souffrance ou de la joie, se développe avant l’empathie cognitive, qui est la compréhension des émotions des autres en se mettant à leur place. Elle s’exprime d’abord à travers le fait de prendre soin de ses proches. « Chez les enfants en bas âge, cela peut notamment passer par le fait d’aider spontanément quelqu’un en difficulté. Lorsque l’enfant perçoit un besoin, il tentera de le combler instinctivement et à sa façon », ajoute l’auteure. Mais si cette qualité est innée, c’est au travers des différents cercles sociaux (familial, amical et scolaire) qu’elle doit être encouragée ! Car c’est au contact des autres, dans un climat propice aux relations bienveillantes, qu’elle pourra se développer. 

Apprendre à reconnaître ses émotions 

Le développement du cerveau étant étroitement lié à la dimension affective, plus l’enfant sera au contact de situations empathiques, plus il apprendra dans des conditions positives. « Certaines écoles, notamment dans les pays scandinaves, ont développé des pratiques qui favorisent l’expression des émotions chez l’enfant. Par exemple, les réunir en cercle chaque matin et les inciter à dire comment ils se sentent aujourd’hui, explique Claude Didierjean-Jouveau. Ou encore, pour un âge plus avancé comme au collège, il est démontré que la méditation en pleine conscience, juste 15 minutes par jour, permet de développer l’empathie et d’améliorer l’atmosphère avec des élèves difficiles par exemple ». Parmi les pays ayant mis en place des moments dédiés à l’empathie, on retrouve notamment le Danemark, précurseur en la matière depuis 1993, et la Belgique. Cette discipline est inscrite dans le programme officiel de l’éducation nationale avec pour objectif de favoriser la coopération à la place de la compétitivité chez les enfants de 6 à 16 ans. A raison d’une heure par semaine, les élèves se prêtent à différents exercices. Cela commence par l’entrée en classe où ils sont amenés à dire bonjour un par un à l’enseignant selon leur humeur du moment.  

L’auteure souligne par ailleurs l’impact néfaste sur le long terme des cas de harcèlements scolaires qui abîment la confiance en soi des élèves : « La meilleure façon de lutter contre le harcèlement scolaire, c’est de mettre en place des pratiques pédagogiques favorisant l’empathie à l’école. Pour reconnaître l’émotion chez l’autre, notamment la peine, il faut déjà l’avoir identifié en soi-même. Ce travail sur soi est essentiel pour apprendre à communiquer et changer de dynamique, notamment en limitant les rapports de force ».  

Vers des espaces de travail collaboratif dès le plus jeune âge 

Cette recherche d’égalité, d’écoute peut également se matérialiser par des jeux de coopération. Autrement dit, prioriser le bien-être de l’autre autant que le sien : « Tout ce qui va dans le sens de la coopération, que ce soit avec les autres pour accomplir une tâche ou acquérir un savoir, est positif. L’aménagement des classes en faveur de cette coopération, contribue à faire évoluer leur empathie en proposant des espaces de travail en petits groupes ou avec l’ensemble de la classe. Les classes pensées par zones offrent plus d’opportunités aux élèves d’apprendre à travailler en équipe. ».  

Dans cet apprentissage de la vie en société, l’enseignant joue un rôle essentiel : « L’enfant développe naturellement une empathie à l’égard de ceux avec qui il interagit, et peut reproduire le même schéma. Lorsque l’enseignant insiste particulièrement sur la compétition entre élèves, l’enfant comprend qu’il doit faire mieux que les autres, son empathie diminue alors. A l’inverse, en valorisant les enfants et en favorisant l’entraide, celle-ci va se développer », précise Claude Didierjean-Jouveau. Cultiver l’empathie à l’école permet d’obtenir un climat scolaire favorable et plus serein. Porté par l’entraide, l’enfant motivé, apaisé et en confiance sera donc plus à même d’apprendre. 

 

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