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L’aide au travail personnel grâce au numérique : une réponse aux enjeux d’inclusion ?

23 mars 2022

Lorsqu’il fonde Edumalin en 2016, François Baritiu a une volonté : aider les élèves à prendre conscience de leurs capacités et lutter contre le décrochage scolaire. La plateforme est aujourd’hui déployée auprès de 350 000 élèves et les perspectives qu’elle offre aux enseignants sont prometteuses.  

Pourriez-vous nous présenter votre plateforme Edumalin ?  

François Baritiu : Edumalin est une plateforme dédiée au travail personnel des élèves. Ce temps, qui comprend le temps des devoirs constitue un enjeu déterminant dans la réussite scolaire. Edumalin a pour objectif de pallier aux inégalités socio-culturelles en offrant un accompagnement sur mesure pour des élèves de primaire, collège mais aussi de lycée général et professionnel.   

Notre approche consiste à mixer systématiquement le disciplinaire et le méthodologique. L’idée est que l’élève ait toujours deux choses sous les yeux sur la plateforme : l’activité, le « quoi » - qu’il s’agisse de la leçon de français ou de l’exercice de maths - et le « comment » c’est-à-dire la méthodologie explicite pour accomplir son travail.  

 

En quoi est-elle différente des autres solutions d’apprentissage en ligne existantes ? 

F. B. : L’approche elle-même fait en réalité toute la différence. Sur la majorité des plateformes existantes, il s’agit le plus souvent d’exercices en questions-réponses où la réflexion est invisible.  

Or c’est justement ce qui intéresse le pédagogue ! Une erreur va offrir des pistes d’explications qui permettront à l’enseignant de savoir précisément comment venir en aide à son apprenant. Grâce au numérique, toutes ces données sont ensuite compilées pour donner une photographie de la réflexion de l’élève à l’enseignant.  

L’idée d’Edumalin c’est donc de retourner l’iceberg : ce qui nous intéresse ce n’est pas tant la partie activité mais plutôt ce qu’elle génère dans le cerveau de l’apprenant. 

 

En quoi le numérique peut-il être selon vous un facteur d’inclusion ?  

F. B. : Le numérique permet d’une part de révéler les difficultés des élèves et dans un second temps d’apporter des solutions concrètes et individualisées. On sait par exemple que 20 à 25 % des élèves n’ont pas stabilisé ni consolidé les savoirs en maths et français à la fin du collège. Cela représente un quart de la population entrante au lycée au sein des filières générales et technologiques. Et plus de 50 % sur les filières professionnelles ! C’est effrayant lorsqu’on sait le besoin d’expression, de raisonnement et de rationalité nécessaires pour affronter le monde professionnel.  

L’usage de l’algorithme Edumalin permet par exemple de mieux adapter l’enseignement aux difficultés personnelles de l’apprenant. Les données sont étiquetées, combinées et traitées par le système pour les faire remonter à l’enseignant. L’algorithme détecte le problème et permet à l’enseignant d’apporter un éclairage pratique.  

 

Les notions de « guidage » et « d’auto-régulation » sont au cœur de la philosophie de la plateforme Edumalin. En quoi consistent-elles ?  

F. B. : Les enseignants qui ont contribué à la création d’Edumalin ont mené un travail de réflexion fort pour décortiquer le processus de réflexion : « Que se passe-t-il dans ma tête lorsque je réponds à cet exercice ? » L’idée est d’expliciter ce processus méthodologique à l’élève, de le guider.  

Concernant la notion d’autorégulation, en anglais self regulated learning il s’agit de la capacité d’un individu à piloter ses apprentissages. C’est ce qu’on appelle les comportements métacognitifs : apprendre à apprendre ou encore apprendre à s’évaluer.  

 

Le processus d’apprentissage pensé par Edumalin se construit autour du triptyque « Expliciter ; guider ; suivre », pourriez-vous nous l’expliquer ? Quels bénéfices sont à attendre pour l’élève ? 

F. B. : Le temps de travail personnel se découpe en trois phases :  

La première phase est le moment où le support est transmis aux élèves et la façon dont il est introduit. C’est-à-dire que l’élève ne va pas seulement recevoir la consigne de réaliser l’exercice « 13 » page « 42 », il va aussi recevoir le mode d’emploi pour réaliser cet exercice. Lors de la seconde phase, les apprenants vont rentrer en activité autonome tout en bénéficiant du guidage. Enfin, la troisième phase est le précieux suivi : le système indique les points de difficultés de raisonnement rencontrés par les élèves.  

Résultat : Les élèves prennent confiance en eux et en leur capacité à apprendre. Ils se découvrent de nouvelles aptitudes.   

 

Concrètement, quels sont les équipements nécessaires pour un établissement qui souhaite accéder à Edumalin ?  

F. B. : Edumalin se prête volontiers à une utilisation en classe, en présence de l’enseignant notamment dans le cadre d’ateliers différenciés, cela suppose un aménagement de la structure de la classe pour accueillir ces activités en autonomie.  

Nous équipons actuellement 350 000 élèves sur les différentes versions à savoir primaire, collège, lycée, lycée pro et apprentis. Nous déployons de façon préférentielle via la plateforme ministérielle du GAR (Gestionnaire d’accès aux ressources) ou directement en ENT (Environnement numérique de travail). Si un établissement n’a ni l’un ni l’autre il est possible de développer une plateforme spécifique. D’un point de vue pratique, la plateforme étant responsive elle s’adapte à n’importe quel support que ce soit ordinateur, tablette ou téléphone portable. 

 

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