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Éducation

Ecole à distance : quels aménagements pour la nouvelle classe digitale ?

23 mars 2020

Avec la fermeture des écoles le 16 mars, l’enseignement à distance a fait irruption dans la vie des enfants, des enseignants et des parents. Tous ont découvert les différentes plateformes mises à leur disposition par l’Education nationale et parfois les établissements eux-mêmes. Un nouvel espace de travail éducatif numérique se dessine aujourd’hui : virtuel, il nécessite cependant de réfléchir à des aménagements spécifiques, non seulement pour travailler confortablement, mais aussi pour préserver le lien entre élèves et enseignants au sein de cette nouvelle classe digitalisée

Assurer la continuité pédagogique et la classe à la maison, ce n’est pas seulement garantir  le suivi du programme scolaire de l’année en cours. C’est aussi préserver le lien entre l’enseignant et les enfants. Comment assurer cette continuité pédagogique quand les enfants ne sont pas physiquement dans la classe? Quand les élèves comme les enseignants, se trouvent géographiquement dispersés, pour une raison ou pour une autre ?

Le numérique apporte plusieurs solutions. Différents outils sont d’ores et déjà en place. Certains sont spécifiques à l’enseignement: plateformes de l’éducation nationale et du CNED (le Centre national de l’éducation à distance a lancé « Ma classe à la maison »), mise en ligne des contenus des manuels scolaires, applis mobiles éducatives... Ces outils rencontrent parfois des difficultés de fonctionnement en raison du nombre massif de connexions (nous vous proposerons des solutions de repli dans un prochain article). Mais quoi qu’il en soit, le partage de l’information lui-même est finalement assez fluide.

Cependant, une classe ne se résume pas à un programme scolaire. C’est une entité à part entière. Un petit groupe social, dont l’existence repose aussi sur les liens entre les individus qui le composent. Préserver la relation entre l’enseignant et ses élèves nécessite l’intégration de nouveaux repères et la mise en place de quelques aménagements. Il s’agit de permettre aux professeurs de travailler confortablement avec le digital, et de garder un lien fort avec leurs élèves pour les accompagner dans la poursuite des apprentissages, sans les laisser seuls face aux contenus et aux outils digitaux à leur disposition.

Les enseignants derrière leur écran : attention à l’ergonomie du mobilier

Les conditions de travail dans cette nouvelle classe numérique diffèrent selon que l’on est dans le primaire ou le secondaire.

Au collège, les élèves sont déjà relativement autonomes face aux outils et canaux digitaux. Dans l’ensemble, ils savent très bien s’en servir et peuvent se mettre en lien direct avec les enseignants pour leur poser des questions via les forums. Le professeur va pour sa part devoir mettre en ligne une grande quantité de contenus. Certains sont déjà numérisés. D’autres devront être scannés afin d’être téléversés sur les plateformes, où les élèves iront les récupérer. Collèges et lycées devront donc être équipés de scanners pour faciliter cette tâche. Si l’enseignant travaille à domicile, il peut aussi utiliser des applications mobiles qui permettent de scanner des documents depuis son smartphone.

Face à cette nouvelles configuration, l’idéal est de bénéficier, dans l’établissement éducatif, d’un espace dédié à l’enseignement à distance : la salle des professeurs, par exemple, peut être équipée de fauteuils et bureaux ergonomiques où les enseignants pourront travailler confortablement pour répondre aux élèves et rédiger les consignes à leur envoyer pour les prochains devoirs. 

L’ENT : un espace de partage pour maintenir la cohésion de la classe

En primaire aussi, l’enseignant va passer un temps prolongé sur son ordinateur à rédiger les fiches et les contenus destinés aux plus petits. Il pourra partager ces contenus avec l’ensemble de la classe via différents canaux. Parmi eux, il y a l’Espace Numérique de Travail mis en place par l’Education nationale. Cet « ENT » s’apparente presque à un petit réseau social sécurisé : il propose un « journal » ou « mur » (comme sur Facebook), où les petits peuvent publier leurs humeurs et leur état d’esprit. Une messagerie leur permet aussi d’échanger directement entre camarades, et avec le maître ou la maîtresse. Chacun peut associer sa photo à son profil. Cette structure favorise ainsi le maintien du lien entre les enfants, et entre l’enfant et l’enseignant.

Comment conserver le lien entre enfant et enseignant ?

Maintenir le lien avec l’enseignant est essentiel dans un enseignement à distance, surtout s’il s’agit d’une distanciation soudaine, subie pour des raisons diverses (hospitalisation d’un élève, ou confinement de tous les individus pour des raisons sanitaires ou sécuritaires, par exemple). Dans l’imaginaire populaire, l’enfant est toujours content quand on lui dit qu’il n’ira pas à l’école. C’est peut-être en partie vrai chez les adolescents. Mais chez les plus petits, la réalité est différente, comme le montrent les chagrins qui explosent à l’approche des grandes vacances, quand l’année s’achève et qu’il faut dire au revoir aux copains et à la maîtresse. A l’annonce officielle de l’épisode de confinement le jeudi 12 mars, de nombreux parents ont fait face aux larmes de leurs enfants quand ils leur ont expliqué qu’ils ne verraient plus leur école, leurs copains et leur enseignant, repères essentiels dans leur vie.


Ecole à domicile pour les petits : vive les petits messages

Quelques petits gestes quotidiens de la part des enseignants permettent d’atténuer le sentiment d’éloignement.

Quand les élèves sont trop petits pour échanger en direct sur les forums mis à disposition dans les ENT, pourquoi ne pas composer tous les jours plusieurs petits messages : un le matin pour donner le thème de la journée, un autre le soir, et peut-être un avant et après le déjeuner. On peut les écrire puis les envoyer à l’ensemble des enfants via les plateformes. On peut aussi enregistrer ces messages au format audio et les envoyer en fichier joint. Dans tous les cas, cela aidera à structurer ces journées d’école à la maison.

Des mini-vidéos pour garder le lien avec les élèves

Si c’est possible pour l’enseignant, envoyer de petites vidéos est également très profitable. C’est vrai pour les classe de primaire, mais aussi dans le secondaire.

Si possible, au sein de l’école (ou à domicile si l’enseignant n’est pas présent dans l’établissement), on peut définir un ou plusieurs espaces, avec du mobilier simple, (tabouret, chaise, table à roulettes...), facile à déplacer par rapport aux fenêtres pour profiter au maximum de la lumière naturelle. On peut aussi utiliser des lampes de bureaux qu’on pourra changer de place pour obtenir un éclairage satisfaisant.

Une fois cela mis en place, il faut un micro-cravate et un trépied portant un smartphone.

L’enseignant peut alors enregistrer sa petite vidéo, expliquant le programme et le thème de la journée, avant de l’envoyer en fichier joint aux élèves. Il s’agit de formats courts, 2 minutes maximum si possible. Cela leur redonnera le sentiment de participer à un projet commun, malgré l’éloignement de chacun.

Et pourquoi pas des webinaires réguliers pour le collège, le lycée et l’université ?

Au collège et au lycée, l’enseignant peut décider d’enregistrer un module vidéo un peu plus long, pour expliquer de nouvelles notions. Si on bénéficie de connaissances en montage, on effacera éventuellement  les quelques « bafouillements » qui ne manqueront pas d’arriver. On peut ainsi publier les vidéos sur la plateforme de l’école, ou sur une chaine Youtube dédiée, ou encore sur Viméo. Certains professeurs y ont depuis longtemps créé leur propre chaine où ils publient les modules d’explication qu’ils ont réalisés. Rien n’empêche de sélectionner quelques-unes de ces vidéos et de les envoyer aux élèves si on juge ces contenus pertinents.

On peut aussi, pourquoi pas, se lancer dans le format webinaire une à deux fois par semaine, pour certaines cours et concepts que l’on souhaite détailler. Cela recrée la notion de « rendez-vous » avec les élèves. On peut utiliser des outils de visio-conférence spécifiques que l’on demandera aux familles de télécharger : Zoom, Webex ou Google Hangouts... Certaines de ces plateformes sont gratuites, parfois limitées quant au nombre de participants : on divise alors la classe en petits groupes et on organise plusieurs visio-conférences, une pour chaque groupe.

Quel que soit l’outil choisi, un coin de salle de classe peut être dédié à ces petits « événements ». Assez peu de matériel est nécessaire pour réaliser ce style de vidéos, et les jeunes sont habitués à recevoir de l’information dans ce type de format (tutoriels sur YouTube, Facebook ou InstaLive, par exemple). La qualité de l’image n’est pas si importante, tant qu’elle est « acceptable ». Le son en revanche est essentiel, et il faudra toujours vérifier que le micro de l’ordinateur fonctionne parfaitement bien, et si possible utiliser un micro-cravate.
 

Dans tous les cas, il ne s’agit pas de se transformer en « youtubeur » du jour au lendemain, ni d’installer un studio élaboré dans la classe ! L’idée est juste de donner aux élèves matière à échanger, et surtout, l’occasion de se retrouver... même virtuellement.

Photo : Ines, 8 ans, apprend à utiliser l'Espace numérique de travail (ENT) de sa classe de CE2

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