Aménagement des espaces éducatifs
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Témoignages

L’école en fauteuil roulant : aménager les espaces pour limiter la fatigue

23 février 2022

La Journée internationale des personnes handicapées a lieu chaque année le 3 décembre. Destinée à mieux faire comprendre le handicap, elle soutient aussi les droits des personnes handicapées, dont font partie de nombreux enfants et adolescents, élèves ou étudiants. Certains présentent un handicap moteur et utilisent un fauteuil roulant pour se déplacer. Malgré la Loi pour l’égalité des droits et des chances de 2005, leurs parcours éducatifs restent souvent éprouvants, en raison, entre autres, des efforts physiques nécessaires pour évoluer au sein de l’école, du collège, du lycée ou de l’université. Les établissements doivent bien sûr répondre aux normes d’aménagements en termes d’accessibilité. Mais des solutions simples peuvent aussi contribuer, toutes proportions gardées, à faciliter la vie de ces élèves. 

Environ 7 000 enfants scolarisés sont atteints d'une déficience motrice pouvant nécessiter l'usage d'un fauteuil, indique le site Tousalecole. Certains d’entre eux utilisent le fauteuil en permanence ou de manière intermittente. D’autres utilisent des aides au déplacement différentes, comme le déambulateur ou les cannes tripodes

Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 11 février 2005, ces enfants doivent pouvoir être accueillis à l’école, comme tous leurs camarades. En effet, cette loi, intitulée « loi pour l’égalité des droits et des chances », rend obligatoire l’accessibilité des Établissements recevant du public (ERP) aux personnes handicapées ou à mobilité réduite.  

Les établissements éducatifs, de la crèche aux Grandes Écoles, sont considérés comme ERP. Ils doivent ainsi être en mesure d’accueillir non seulement du personnel, mais aussi des enfants et des élèves porteurs de handicap, nécessitant le cas échéant l’usage d’un fauteuil roulant.  

 

Les enseignants face au handicap : entre désarroi et débrouillardise 

Aujourd’hui, l’accueil d’un enfant en fauteuil roulant à l’école se déroule souvent dans le cadre d’un Projet personnalisé de scolarisation (PPS), mis en place avec la Maison départementale des personnes handicapées. Selon le décret du 30 décembre 2005 relatif au parcours de formation des élèves présentant un handicap, le PPS « définit les modalités de déroulement de la scolarité et les actions pédagogiques, psychologiques, éducatives, médicales et paramédicales répondant aux besoins particuliers des élèves présentant un handicap ». C’est dans le cadre du PPS qu’on définit les aménagements et équipements à prévoir pour l’enfant, selon son handicap et son degré d’autonomie vis-à-vis du fauteuil.    

Mais sur le terrain, ce n’est pas simple. Ni pour les élèves, ni pour les enseignants et les équipes pédagogiques, surtout quand l’enfant concerné est très jeune et peu autonome. Sans oublier qu’il s’agit dans certains cas d’un besoin ponctuel, en dehors de tout PPS. Un enseignant exprime ainsi ses nombreux questionnements sur un forum en ligne, alors qu’il doit accueillir un élève de Grande Section de maternelle qui s’est cassé les deux jambes et dont les parents souhaitent qu’il retourne à l’école, au moins le matin. Comment gérer l’accès à la classe ? Le passage aux toilettes ? La cantine ? La récré ?... Une aide humaine temporaire pourrait être la bonne solution, mais l’assistance d’un(e) AESH ne peut être obtenue qu’après accord de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), dans le cadre d’un dossier qui concerne plutôt les situations de long terme.  

« Le plus simple est de gérer à ton niveau », finit par répondre sur le forum un autre enseignant qui a connu ce genre d’expérience, en citant « plusieurs options possibles », dont celle de s’organiser au sein de l’école avec un autre AESH qui aurait de la disponibilité.  

Bref, il y a une part de « débrouille » dans cette prise en charge par les équipes. 

 
Élèves en fauteuil roulant à l’école : des journées parfois épuisantes 

Du côté des enfants en fauteuil roulant, la situation n’est pas simple non plus. Manon Sanchez est aujourd’hui étudiante en Biologie à l’université. Dans un portrait que lui consacre l’Université de la Sorbonne, elle explique être atteinte de Paralysie Cérébrale depuis sa naissance et présenter des troubles moteurs et neurologiques associés. Elle a des difficultés à se déplacer, se tenir assise correctement ou effectuer des mouvements précis. Son parcours en établissement scolaire ordinaire, depuis le CP, a été éprouvant dit-elle.  

Aujourd’hui, elle bénéficie d’un chien d’assistance, d’un secrétaire pour l’aider à prendre des notes en cours et d’un aménagement du temps pour les examens. De plus, elle évolue dans une université très accessible aux personnes handicapées. Malgré tout, ses journées peuvent être épuisantes, en raison de sa grande fatigabilité. 

 

Accessibilité de l’école aux élèves en fauteuils roulants : entre gros travaux et petits aménagements 

Mettre aux normes son établissement scolaire en termes d’accessibilité est un projet à part entière. Il nécessite un audit, puis de planifier les travaux nécessaires, qui pour le gros œuvre doivent être pris en charge par les collectivités locales propriétaires de l’établissement.

  
Mais en dehors des « gros travaux », plusieurs aménagements et équipements peuvent être envisagés en classe pour compenser du mieux possible le handicap moteur, favoriser le bien-être de l’enfant en fauteuil roulant et lui permettre de suivre les enseignements le mieux possible.  

Certains de ces aménagements semblent évidents, d’autres moins :  

  • Par exemple, on pense à installer une table d’école ergonomique, sous laquelle un fauteuil roulant puisse se glisser 
  • Pour écrire, on garde en tête que certains élèves présentant un handicap moteur sont plus à l’aise avec un ordinateur qu’avec un stylo 
  • On choisira en tout cas des stylos et crayons ergonomiques, proposant une meilleure préhension 
  • Il existe des applications sur tablette comme GeoGebra pour la géométrie qui compensent les difficultés à utiliser les outils classiques tels que les équerres, les compas, etc. 
  • Les applications scanners se généralisent dans les smartphones, ce qui peut être utile pour scanner les cours ou les notes prises par les élèves 
  • De petites rampes d’accès amovibles permettent de compenser rapidement un manque d’accessibilité pour quelques marches seulement 
  • Dans la cour et sous le préau, on pense à aménager des espaces calmes, où les enfants pourront jouer à des jeux de sociétés par exemple. 

 

On peut aussi envisager des espaces d’affichage, pour présenter des supports de communication visant à sensibiliser les autres enfants au handicap. Le sujet est délicat mais doit être abordé : le site Tousal’ecole rappelle que le handicap a des répercussions sur les relations que l'élève entretient avec les autres enfants. Ces liens sont pourtant essentiels pour que l’enfant continue à se socialiser, comme n’importe quel autre élève. Pour les élèves valides, ces relations sont aussi une richesse, et une occasion supplémentaire d’ouverture sur le monde tel qu’il est. 

 

>> Lire aussi : Anne Clerc-Georgy : « Veiller à l’inclusion de chaque élève profite à toute la classe »

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