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« La confiance en soi n’est pas innée, elle s’acquiert »

16 novembre 2022

Aider l’enfant à prendre confiance en lui est un cheval de bataille pour de nombreux parents, enseignants et professionnels de la petite enfance. Aurélie Crétin, psychologue pour enfant et conceptrice des Jeux de la confiance en soi nous apporte un éclairage précieux quant à la posture à adopter.  

 

Quel portrait pourriez-vous donner de l’enfant qui a confiance en lui ?  

Aurélie Crétin : La confiance se manifeste lorsqu’un enfant a conscience de ses qualités et de ses compétences mais aussi des domaines dans lesquels il est moins fort. Ce n’est donc pas seulement le cas lorsqu’il n’a peur de rien. C’est son degré de confiance qui lui permettra d’accepter sereinement ses imperfections et de se mettre en action pour essayer de s’améliorer. Il est généralement en mesure d’exprimer son avis et de ressentir de la satisfaction vis-à-vis de ses accomplissements.  

Cette définition est bien entendu « idéale », chaque enfant a sa propre façon d’appréhender la difficulté et de communiquer sur le sujet. 

 

Faut-il travailler sur la confiance en soi dès le plus jeune âge ?  

A.C. : Il s’agit effectivement d’un point d’attention à avoir dès les premières années. Un enfant qui parvient à avoir confiance en lui identifie qu’il a des compétences et qu’il peut les mettre en action. Il a devant lui un champ des possibles extraordinaire. Il sera plus heureux, plus entreprenant, se sentira sécurisé pour avancer et faire face aux différentes situations qu’il va rencontrer.  

Il y a un point de vigilance à avoir toutefois avec cette idée de « travailler la confiance en soi » : cela peut rapidement devenir une source de pression pour l’enfant et mener à l’effet tout à fait inverse ! Il faut garder à l’esprit qu’ils sont en apprentissage et qu’ils appréhendent un flot perpétuel de situations nouvelles. Face à la nouveauté, il est normal d’avoir peur ou de ne pas être sûr d’y arriver.  

 

Quels sont vos conseils pour renforcer la confiance en soi chez l’enfant ?  

A.C. : Le rôle de l’adulte est d’essayer du mieux qu’il peut d’accepter et d’accueillir l’enfant tel qu’il est. La confiance en soi n’est pas innée, elle s’acquiert en fonction des évènements de vie, et des modèles que nous avons. Elle se construit selon les expériences que vivent les enfants et les retours qui leur sont faits.  

Féliciter et encourager les réussites, les efforts et les essais est donc essentiel : cela aide l’enfant à reconnaître ses compétences. Plus ce renforcement positif est immédiat plus il a d’impact.  

A l’inverse l’adulte doit être vigilant quant aux tics de langage et aux automatismes insidieux du type « Tu vois ce n’était pas si dur » qui vont au contraire opérer un renforcement négatif parfois inhibiteur. 

 

Quels signes permettent à l’enseignant d’identifier un manque de confiance chez un enfant ? Quelle posture adopter ?   

A.C. : Il existe trois principaux profils d’enfants. Les plus faciles à reconnaître sont ceux qui extériorisent. Ils ont tendance à dire qu’ils sont nuls ou incapables de réussir quelque chose malgré l’avis de leurs professeurs et ne se mettent pas en action. 

Au contraire, il y a des enfants très discrets, qui ne se manifestent pas et peuvent ainsi donner l’impression qu’ils ont confiance en eux. En classe, ce sont des élèves qui ne sont ni dans la plainte ni dans la dévalorisation, ils sont bien plus difficiles à identifier pour les professeurs. 

Enfin il y a ceux qu’on appelle souvent « les petits clowns » qui sont plus bruyants  et prennent plus d’espace. Contrairement aux apparences, cela cache parfois un manque de confiance et/ou un trouble d’apprentissage, etc.  

Quel que soit le type de profil, l’enjeu est de remettre l’enfant en situation de réussite notamment grâce à la collaboration. L’élève doit ressentir qu’il a le droit à l’erreur et que l’enseignant est là pour l’aider à essayer. La clé est de lui proposer des activités adaptées, à sa portée, avec une légère difficulté pour assurer une certaine mobilité.  

 

De quelle façon les enseignants peuvent-ils instaurer un climat propice à la confiance en soi ? 

A.C. : Les ateliers écrits et visuels visant à identifier les forces et les réussites de chaque enfant, fonctionnent très bien. Une autre piste est de réfléchir collectivement à l’attitude à adopter pour résoudre un problème dans une situation donnée. L’idée est d’établir avec eux un « répertoire comportemental » avec de petites techniques qui les aideront à appréhender les événements. 

Autre point : l’enfant n’est pas fait pour rester assis toute la journée même au primaire. Il a besoin de bouger, de circuler et de s’exprimer ! Offrir un cadre flexible avec des espaces collaboratifs favorise le respect du rythme de chacun ainsi que la circulation dans la classe. Cela laisse plus d’ouverture à l’élève, ce qui n’empêche pas d’avoir un cadre. 

Par ailleurs, le jeu est excellent pour la confiance en soi ! Proposer des défis amusants avec du mime permet par exemple de travailler l’affirmation de soi. Par l’autodérision, l’adulte véhicule un modèle qui peut libérer les blocages qui empêchent l’enfant de participer et de s’exprimer. 

Tout un panel d’outils qu’il est facile de mettre en place avec les enfants, en gardant à l’esprit que la clé, c’est l’écoute, le respect de chacun, la collaboration et le renforcement positif !

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