Aménagement des espaces éducatifs
Classe de demain

Témoignages

Lab-Ecole : « Nous nous sommes placés du point de vue de l’élève »

8 février 2021

Depuis 2017, le Lab-Ecole, un organisme à but non lucratif, réunit une expertise multidisciplinaire pour concevoir et concrétiser l’école de demain au Québec. Avec six établissements ouverts selon ses recommandations et plus de 2 000 élèves formés, ce « laboratoire » innove, réinvente l’architecture, l’aménagement des classes et des espaces extérieurs, et repense les interactions entre les élèves et les professeurs. Objectif : offrir plus de liberté à l’élève, le rendre acteur de son apprentissage. Pierre Thibault, l’un des trois fondateurs de l’organisme, revient sur ces enjeux pour Classe de demain.  

Comment avez-vous conçu l’architecture des écoles du Lab-Ecole ? 

Pierre Thibault : Notre réflexion s’est d’abord portée sur l’aménagement des extérieurs, souvent négligés dans les écoles québécoises. L’extérieur se limite souvent à une cour avec du gravier et une clôture. Cela me semble être une absurdité incroyable ! J’ai visité une école en Suède, pays dans lequel on attribue dans chaque école un mètre carré de végétation par élève. J’ai été à la rencontre de plusieurs établissements, au Japon, en Finlande, aux États-Unis et aussi en France. Cela a beaucoup contribué à ma réflexion. L’investissement actuel pour les extérieurs dans nos écoles est faible par rapport aux retombées positives pour les élèves et les enseignants. Nous nous sommes demandés comment faire rentrer la végétation dans ce cadre. Comment réinvestir les extérieurs. D’autant que nos hivers sont rudes, il fallait penser à créer des micro-climats pour profiter du soleil et se protéger des vents froids et favoriser les activités extérieures. Nous nous sommes placés du point de vue de l’élève. Que fait-il dans la cour ? Il joue avec des camarades, il s’isole pour lire un livre, il prend une collation. Il bouge ! Or, nous avons encore tendance aujourd’hui à nous inscrire dans une politique du « zéro danger » et de limiter les mouvements des élèves. Lab-Ecole souhaite réinventer cette approche de l’école, redonner sa place à l’élève, lui donner la possibilité de développer au mieux ses capacités motrices. 

Comment avez-vous travaillé pour développer les concepts du Lab-Ecole ? 

Pierre Thibault : Nous avons d’abord isolé chacun des fragments qui compose l’école : classe, vestiaire, couloirs, extérieurs, etc. Nous avons ensuite réalisé plusieurs maquettes pour chacun des fragments en priorisant l’innovation. Une fois les maquettes prêtes, nous les avons soumises à l’avis d’élèves et de leurs parents sous la forme de workshops. C’était très intéressant d’observer les élèves spontanément donner leur opinion et se saisir de leur école. Leurs avis ont été très précieux pour ajuster les espaces en fonction de leurs besoins

Il y a souvent des espaces inutilisés dans les écoles comme les couloirs ou les halls d’entrée, comment avez-vous repensé ces lieux de passage ? 

Pierre Thibault : Pour nous, aucune place ne se perd ! Le corridor est devenu une « ruelle d’apprentissage ». Les couloirs s’inscrivent dans la continuité des classes. Nous avons placé par exemple des alcôves pour inviter les élèves à travailler dans un espace retiré. Le mobilier est d’ailleurs entièrement pensé à l’échelle de l’enfant. Nous voulions rompre avec le côté formel et froid des espaces de passage pour les rendre vivant. 

Justement, vous parlez de mobilier… la notion de « classe flexible » implique de repenser les espaces au sein d’une classe par zones d’apprentissage. Qu’apporte cette approche à l’élève selon vous ?  

Pierre Thibault : Des études ont montré que 80 % des élèves dans une classe classique maintenaient seulement 40 % de leur attention pendant le cours. Dans une classe flexible, 80 % des élèves ont 80 % de leur attention. La performance des élèves grandit grâce au flexible. La création de zones permet à l’enfant de se projeter. Il sait déjà quelle activité il va réaliser. Le flexible permet ainsi de faire, de mémoriser et d’échanger en fonction des espaces de travail au sein de la classe. L’enfant n’est plus un récepteur de connaissances mais un acteur de son apprentissage. Le flexible favorise ainsi les interactions. Pour l’enseignant, l’adaptation de la classe en mode flexible nécessite une adaptation. Cela ne fonctionne pas toujours du premier coup ! J’ai notamment vu dans certaines écoles, des ambassadeurs qui viennent former et accompagner les enseignants dans ce processus de transformation. Il y a un effort à faire mais les résultats sont là. Un élève qui est passé par une classe flexible ne veut plus retourner dans une classe normale.  

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En tant qu’architecte, vous avez travaillé sur la structure de l’école en jouant sur les matières et la lumière naturelle. Pourriez-vous nous expliquer votre démarche ? 

Pierre Thibault : La lumière naturelle est très importante. Elle est même vitale. Pour chaque individu, elle contribue au système immunitaire et au bien-être. Au Québec, les journées sont courtes en hiver mais la neige assure une réverbération qui prolonge l’apport de lumière naturelle dans l’établissement. Tout notre travail en tant qu’architecte est de doser cet apport. L’utilisation du bois pour la structure permet notamment de réfléchir la lumière. On peut choisir aussi de ne pas traiter les poutres de bois pour conserver l’odeur du bois dans l’établissement. Pour chacun, cette odeur rappelle des souvenirs d’enfance. Les élèves l’ont tout de suite noté ! L’odeur contribue à apaiser les élèves et apporte un cadre chaleureux.   

Pour en savoir plus sur le Lab-Ecole, c’est par ici !  

Tous nos conseils pour repenser votre classe en mode flexible sont à retrouver dans notre livre blanc.  

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