Accessibilité, mixité, pédagogie flexible : comment concevoir une cour de récréation inclusive dans votre école ? (Episode 2)

Dans de nombreuses écoles, la cour de récréation s’articule autour d’un grand terrain central souvent réservé aux jeux de ballon. Cet espace est toujours bien occupé mais pas par tout le monde… Pendant que certains élèves y monopolisent l’espace d’autres restent en retrait : les plus calmes observent, les plus sensibles s’isolent et les enfants en situation de handicap peinent à trouver une activité adaptée. Et si la cour de récréation devenait un véritable lieu d’inclusion, d’expression et d’épanouissement pour tous les élèves ? Repenser cet espace du quotidien, c’est possible. Décryptage.

Pourquoi une cour inclusive change la vie des élèves ?

Au-delà des temps de pause, la cour de récréation est un lieu d’expression, d’expérimentation sociale et de découverte. Une cour inclusive permet à chaque enfant, quelle que soit sa personnalité, ses besoins ou ses capacités, de trouver sa place et de se sentir pleinement acteur de la vie scolaire. Une cour bien pensée c’est aussi une cour où les conflits diminuent, où les relations sont plus apaisées et où chacun peut vivre la récréation selon son rythme et ses envies.

Mais pour cela, il faut sortir des schémas classiques. Trop souvent, l’organisation de la cour favorise un seul type de jeu – souvent sportif, parfois genré – au détriment d’une diversité d’activités. Une cour inclusive, c’est une cour qui répond à la pluralité des élèves.

Nos conseils :

· Proposez un temps d’observation collective pour repérer les zones sur-sollicitées ou sous-utilisées.

· Créez un tableau d’envies ou de besoins affiché dans la classe.

L’accessibilité, une priorité souvent oubliée

Avant même de penser aux jeux, il est essentiel de s’assurer que tous les élèves peuvent circuler librement dans la cour. Cela signifie des rampes bien placées, des chemins larges, des sols stables et sécurisés même par temps humide. Une simple pelouse ou un bac à sable peut devenir un obstacle pour un enfant en fauteuil. L’accessibilité, c’est aussi penser aux enfants porteurs de troubles sensoriels ou cognitifs en aménageant des zones calmes, des repères visuels clairs et en réduisant les stimulations trop intenses.

Nos conseils :

· Repérez les zones bruyantes et proposez une alternative calme à proximité.

· Utilisez des couleurs au sol ou des pictogrammes pour faciliter les repères visuels.

Repenser la mixité filles-garçons

Comme nous l’avons évoqué précédemment, dans beaucoup d’écoles, la cour est encore organisée autour d’un grand espace central réservé aux jeux de ballon, principalement occupé par les garçons. Les filles, souvent reléguées en périphérie, s’investissent moins dans l’espace collectif. Cette répartition genrée est rarement volontaire mais elle est bien réelle.

Une cour inclusive doit favoriser une vraie mixité. Pour cela, il est important de diversifier les zones d’activités, d’installer des espaces modulables qui encouragent la coopération et la créativité et de créer des endroits où chacun peut exprimer ses préférences. Il ne s’agit pas d’interdire les jeux de ballon mais de proposer un cadre où tous les élèves ont une place équivalente.

Nos conseils :

· Ajoutez des jeux coopératifs ou non compétitifs accessibles à tous.

· Variez les propositions : élastique, marelle, jeux d’imitation, cerceaux, fresques collaboratives...

Des activités pour tous les profils d’élèves

Tous les enfants ne sont pas sportifs et ce n’est pas un problème. Une cour inclusive propose une variété d’espaces : coin lecture à l’ombre, coin artistique avec tableau à craie ou mur d’expression, jardin pédagogique pour observer la nature, coin calme pour se poser avec un camarade… Ces zones complémentaires permettent aux enfants de choisir une activité qui correspond à leur besoin du moment.

Certaines écoles vont plus loin en installant un espace de classe dehors, avec des bancs, une toile d’ombrage et du matériel mobile. Apprendre à l’extérieur devient alors une possibilité même pendant les temps de pause dans un cadre plus détendu.

Nos conseils :

· Installez une boîte à livres dans un coin calme avec deux ou trois coussins.

· Proposez un mur d’expression (ardoise géante, tableau noir ou panneau en bois).

Une pédagogie plus flexible dès la récréation

La cour peut devenir un prolongement de votre projet de classe. En impliquant les élèves dans l’aménagement des espaces, vous les rendez acteurs et actrices de leur environnement. Proposez-leur de réfléchir ensemble à ce qu’ils aimeraient changer, d’imaginer des coins de jeux, de construire des équipements simples comme des jardinières ou des boîtes à livres. Vous verrez à quel point ils sont créatifs, responsables et enthousiastes quand on leur fait confiance.

Des exemples concrets qui fonctionnent

De nombreuses écoles ont déjà franchi le pas. Grâce à des dispositifs financiers comme le programme Notre école, faisons-la ensemble (NEFLE), certaines ont transformé leur cour en un ensemble de zones variées. Le résultat ? Moins de tensions, plus de coopération et une récréation vécue comme un vrai moment de bien-être.

Même sans budget énorme, ces évolutions sont possibles. Un marquage au sol peut déjà transformer une zone vide en terrain de jeu inclusif. Une palette transformée en banc, un panneau de bois en tableau d’expression… tout commence par une volonté pédagogique partagée.

Et vous, comment imaginez-vous la cour idéale pour votre école ? Si vous avez envie de commencer une réflexion avec vos élèves ou votre équipe, n’hésitez pas à lancer un petit diagnostic en classe : que pensent-ils de la cour actuelle ? Que rêveraient-ils d’y faire ? La transformation commence souvent avec une simple question.